La finance mondiale joue un rôle crucial dans les crises actuelles : les grandes institutions financières financent le chaos climatique et la destruction écologique et sociale. Des enquêtes antérieures ont mis en lumière leurs investissements dans les industries du charbon, du pétrole et du gaz, ainsi que dans les chaînes d’approvisionnement mondiales du bœuf et du soja, et les conséquences qui en découlent pour les humains et la planète. Aujourd’hui, cette nouvelle étude montre que ces grands financiers orientent des fonds considérables vers les industries européennes de l’alimentation humaine et animale, dont les effets sont tout aussi néfastes.
L’étude commandée par les Amis de la Terre Europe révèle que les banques européennes investissent massivement dans certaines des plus grandes entreprises européennes de viande, de produits laitiers et d’aliments pour animaux, dont les chaînes de valeur mondiales sont liées à la déforestation, à des émissions de gaz à effet de serre (GES) très élevées, à des violations des droits des travailleurs et à d’autres pratiques commerciales préjudiciables.
Ces faits et chiffres montrent une fois de plus la triste réalité et les fausses promesses qui se cachent derrière la façade verte du secteur financier - et l’omniprésence de ce problème dans leurs portefeuilles d’actions. Bien qu’elles prétendent protéger les forêts et le climat, les grandes banques continuent d’alimenter le dérèglement climatique et les industries toxiques qui violent les droits humains. Cette étude souligne la nécessité impérieuse de tenir les entreprises et les institutions financières légalement responsables de leur impact sur le climat et des autres abus commis dans le cadre de leurs propres activités et de leurs chaînes de valeur mondiales.
Principales conclusions de l’étude
Entre 2016 et 2021, plus de 60 banques européennes et internationales ont investi plus de 25,9 milliards d’euros dans certaines des plus grandes entreprises de l’Union Européenne spécialisées dans la viande, les produits laitiers et l’alimentation animale, notamment des sociétés néerlandaises, françaises, espagnoles et danoises/suédoises : viande - Vion Food Group (NL), Danish Crown (DK), Grupo Jorge (ES), Groupe Bigard (FR), Groupe LDC (FR), Vall Companys (ES) ; produits laitiers - Groupe Lactalis (FR), FrieslandCampina (NL), Arla Foods (DK/SE) ; aliments pour animaux - Nutreco (NL), ForFarmers (NL), De Heus (NL) (les données sur les entreprises allemandes n’étaient pas disponibles).
Nombre de ces entreprises ont été associées à des atteintes aux droits humains et à l’environnement, telles que la pollution, l’accaparement de terres et les violations des droits du travail.
- Huit de ces entreprises - Lactalis, Friesland Campina, Arla, Vion, Bigard, DanishCrown, Grupo Jorge et Groupe LDC - sont conjointement responsables d’environ 115 Mt d’émissions de CO2 par an (plus que la Belgique avec 108,22 Mt CO2e par an et presque quatre fois plus que la Suède avec 29,9 Mt CO2e par an), ce qui montre que l’agro-industrie européenne contribue de manière significative à la crise climatique.
- Entre 2016 et 2021, près de 70 % (17,8 milliards) de leur financement provient de banques de l’Union Européenne, dont les banques françaises BNP Paribas et Crédit Agricole, Groupe BPCE et Société Générale, Rabobank et ING Group aux Pays-Bas, Commerzbank en Allemagne et UniCredit en Italie.
- Au cours de la même période, le plus grand bénéficiaire, qui a reçu plus de la moitié des fonds de la banque européenne (10,8 milliards d’euros3) sous forme de prêts, a été la plus grande entreprise laitière du monde, le Groupe Lactalis. Le géant français des produits laitiers a été accusé, entre autres, de fixer les prix au détriment des petits exploitants et de polluer les cours d’eau français.
- Parmi les autres bénéficiaires importants on compte la société laitière néerlandaise FrieslandCampina (1,7 milliard d’euros), la société laitière suédoise/danoise Arla (1,6 milliard d’euros) et la société néerlandaise d’aliments composés Nutreco (1,3 milliard d’euros).
- Plusieurs institutions financières étaient également détentrices d’actions et d’obligations (pour une valeur de 553 millions d’euros en janvier 2022) dans quatre des entreprises étudiées : Le producteur de volaille français Groupe LDC, Fries- landCampina, Arla Foods et le producteur néerlandais d’aliments composés ForFarmers. Un tiers (environ 34 % ou 186 millions d’euros) de ce portefeuille d’actions et d’obligations a été investi par la Coopérative Agricole des Fermiers de Loué (CAFEL) dans le Groupe LDC.
Impact climatique total de la BNP
En 2020, 88% des émissions de gaz à effet de serre de la BNP proviennent de ses financements et investissements dans les grandes entreprises. Le reste des émissions est lié aux financements et investissements du secteur public et, marginalement, aux particuliers et aux ménages. Le bilan carbone de la BNP en 2020 s’élève ainsi à 749 MtCO2e, soit une quantité supérieure à l’ensemble des émissions territoriales de la France.
Impact climatique total du Crédit Agricole
La banque a été responsable de 585 MtCO2e pour la seule année 2018, par le biais de ses investissements et de ses financements, ce qui dépasse les émissions de la France cette année-là.
PRÊTS ET SOUSCRIPTION PAR GROUPE ET PAR CRÉANCIER DE L’UE (EN MILLION DE DOLLARS)
Extraits du rapport des Amis de la Terre Europe : "Banking on destruction"
https://friendsoftheearth.eu/wp-content/uploads/2023/04/Banking-on-destruction.pdf
Traduction DeepL, relue, adaptée et mise en page par Amis de la Terre des Landes
