La commission d’enquête a pris plus d’un mois de retard pour remettre son rapport. Le lecteur pourra juger si la qualité du contenu est suffisamment remarquable pour justifier retard.
Pour les Amis de la Terre, le rapport est volumineux, mais demeure conforme à l’image des remarques que nous formulons trop souvent pour les dossiers de porteurs de projets classés comme GPI2 (Grand Projet Imposé Inutile).
Pour mieux appréhender ce GPI2, le lecteur pourra se référer à nos analyses précédentes.
Est il utile de rappeler, que si un GPI2 de cette ampleur échoue, c’est en général pour deux causes principales :
- Irréalisme technique
- Financement irréaliste
Ce projet a déjà coché la première condition, avec l’impossibilité de passer sous le Gouf de Capbreton, mais bien que touché il ne fut pas coulé.
Est il en train de cocher la deuxième condition ? Le projet THT Gascogne, GPI2 parmi les GPI2 vient de connaitre un nouveau problème. En effet, un article d’un sérieux périodique Espagnol indiquait que la REE, l’équivalent espagnole de notre RTE, jetait l’éponge. Nous avions émis l’hypothèse que ce retrait, ne pourrait être qu’une pression sur les structures politiques pour modifier la répartition des coûts devenu exorbitants.
Nous avons supporté une attente pénible, mais la vérité est enfin apparue. Ce retrait espagnol, était bien une manœuvre de négociation. La CRE a publié plusieurs documents concernant la mise à niveau de ce projet.
Pour peu qu’il les lise avec attention, et s’il est adepte du langage technocraticopipotesque, le lecteur pourra lire avec bonheur ces documents.
Une lecture rapide est suffisante pour apprendre que le projet demeure toujours rentable, alors qu’il ne l’était déjà pas avant l’explosion des coûts. Le projet est retardé d’au moins 1 an, sa livraison est prévue en 2028.
Nous rappelons que contrairement aux affirmations de RTE, ce projet n’est en fait que d’un intérêt d’entraide européen très douteux. La réalité est bien de permettre à la France d’écouler ses surplus d’électricité nucléaires. Entre 2007 et 2021, 71% des flux étaient dans le sens France/Espagne. Sauf bien sûr quand nos centrales vieillissantes sont en panne, où les flux peuvent s’inverser pour permettre quand c’est possible à l’Espagne de nous dépanner avec une électricité issue du gaz et du charbon, énergies primaires qui bénéficient là bas d’une autorisation de blocage des tarifs.
Lors des études fin 2017, le coût était estimé à 1 750 M€, puis lors de l’enquête publique (08-2022) le coût estimatif passait à 1 950 M€. Il est très provisoirement à 3 100 M€ en février 2023. Ceci donne une croissance de près d’un facteur 2 en moins de 6 ans. Cette croissance est elle du même ordre de grandeur que nos salaires ou retraites ?
Attendons les prochains communiqués.