Les pics de chaleur extrême dans les océans ont "dépassé le point de non-retour" en 2014

vendredi 3 juin 2022
par  Yan lou Pec
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Une étude montre que des pics de température autrefois très peu fréquents touchent désormais la moitié des mers et détruisent la vie marine. En 2021, les océans ont absorbé une chaleur équivalente à celle de sept bombes d’Hiroshima explosant toutes les secondes, 24 heures sur 24 et 365 jours par an.

D’après cette étude, les pics de chaleur extrême dans les océans du monde ont dépassé le "point de non-retour" en 2014 et sont devenus la nouvelle norme.

Les scientifiques ont analysé les températures en surface de la mer au cours des 150 dernières années et leur augmentation en raison du réchauffement climatique. Ils ont constaté que des températures extrêmes qui se produisaient seulement 2 % du temps il y a un siècle, se produisaient au moins 50 % du temps dans les océans de la planète depuis 2014.

Dans certains zones sensibles, des températures extrêmes se produisent 90 % du temps, affectant gravement la faune. Plus de 90 % de la chaleur piégée par les gaz à effet de serre est en effet absorbée par les océans qui jouent un rôle essentiel dans le maintien de la stabilité climatique. Comme aime à le dire le professeur John Abraham qui a participé à cette étude : "Le réchauffement de la planète est d’abord un réchauffement des océans et si vous voulez savoir à quelle vitesse changent les climats, vous trouverez la réponse dans les océans".

Kyle Van Houtan, du Monterey Bay Aquarium aux États-Unis et membre de l’équipe de recherche explique qu’ "En nous appuyant sur les mesure de ces pics de température, nous avons montré que le changement climatique n’est pas quelque chose d’incertain qui se produira peut-être dans un avenir lointain. C’est un fait historique et qui a déjà eu lieu. Des changements climatiques extrêmes se produisent ici, dans les océans qui sont la base de toute vie sur Terre."

Toujours selon Van Houtan, "L’écologie nous enseigne que les extrêmes ont un impact disproportionné sur les écosystèmes, Nous essayons de comprendre les changements dramatiques que nous avons observés le long de nos côtes et dans les océans, sur les récifs coralliens, le varech, les requins blancs, les loutres de mer, les poissons, etc."

D’autres scientifiques ont rapporté en 2019 que le nombre de vagues de chaleur affectant les océans de la planète avait fortement augmenté, tuant des pans entiers de la vie marine comme des "feux de forêt qui détruisent d’immenses étendues de forêt".

Van Houtan et Tanaka ont étudié les enregistrements de température de 1920 à 2019, dernière année disponible. Ils constatèrent qu’en 2014, plus de 50 % des enregistrements mensuels de l’ensemble des océans avaient dépassé le seuil de chaleur extrême arrivant en moyenne une fois tous les 50 ans. Les chercheurs appelèrent alors "point de non-retour", l’année où le pourcentage a dépassé les 50 % et n’est plus redescendu en dessous les années suivantes.

En 2019, la proportion des océans de la planète souffrant de chaleur extrême était de 57 %. Comme l’explique Van Houtan, "Nous nous attendons à ce que la hausse des températures se poursuive", mais les pics de chaleur extrême ont été particulièrement sévères dans certaines zones océaniques. L’Atlantique Sud par exemple a franchi le point de non-retour en 1998. "C’était il y a 24 ans - c’est incroyable !"

La proportion des océans qui subissent un pic de chaleur extrême dans certains grands écosystèmes est maintenant de 80 à 90 %. Les cinq plus touchés comprennent des zones au large des côtes nord-est des États-Unis et du Canada, au large de la Somalie et de l’Indonésie, et dans la mer de Norvège.

John Abraham, professeur de sciences thermiques à l’Université de St Thomas au Minnesota a avec son équipe cherché en particulier à quantifier la quantité d’énergie absorbée par les océans annuellement. Voici ce qu’il nous dit : "De combien les océans du monde se sont-ils réchauffés en 2021 par rapport à l’année précédente ? Eh bien, nos données montrent que les océans se sont réchauffés d’environ 14 zettajoules (un zettajoule équivaut à 1 000 000 000 000 000 000 000 joules). C’est un chiffre hallucinant. La chaleur absorbée par les océans équivaut à la chaleur provoquée par sept bombes atomiques d’Hiroshima explosant toutes les secondes, 24 heures sur 24, 365 jours par an. J’ai suivi la température des océans mesurée depuis la fin des années 1950, et leur augmentation claire et persistante au cours des trois à quatre dernières décennies démontre de manière irréfutable que l’équilibre de la Terre est rompu."

Le contenu calorifique des 2 000 premiers mètres de l’océan a établi un nouveau record en 2021, le sixième consécutivement. Le professeur John Abraham expliquait que la teneur en chaleur de l’océan est la plus importante pour le climat mondial, tandis que les températures en surface sont les plus importantes pour les conditions météorologiques, ainsi que pour de nombreux écosystèmes.

John Abraham concluait : "On pourrait dire que nous avons pris la température de la Terre - et que la Terre a de plus en plus de fièvre."

Article écrit à partir de deux articles due The Guardian.
"We study ocean temperatures. The Earth just broke a heat increase record" par John Abraham paru le 11 janvier 2022
"Extreme heat in oceans ‘passed point of no return" in 2014" par Damian Carrington paru le 1er février 2022
Traduction et adaptation : Amis de la Terre des Landes


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