Une étude britannique réfute cette perception comme quoi les jeunes veulent sauver la planète alors que les vieux s’en moquent.
- Couverture d’une brochure des Amis de la Terre France. Les plus de 40 ans, n’y apparaissent plus...
La façon de voir les choses et la stratégie politique à propos de la crise climatique ont été déformées par une fausse guerre inter-générationnelle. D’après cette nouvelle étude, les générations plus âgées sont en fait tout aussi préoccupées par le problème que les plus jeunes.
L’idée qui domine couramment dans les représentations du mouvement écologiste, c’est que les jeunes sont des écoguerriers, luttant contre des générations plus âgées égoïstes. Cette idée a été renforcée dans certains cas particuliers comme lorsque le magazine Time nommait Greta Thunberg personne de l’année en 2019, pour être un "porte-drapeau dans une bataille inter-générationnelle".
Les préjugés furent encore renforcés lorsque la chanteuse états-unienne Billie Eilish de la génération des moins de 24 ans déclarait : "J’espère que les adultes et les vieux commencent à nous écouter [à propos de la crise climatique]. Les vieux vont mourir et ne se soucient pas vraiment de savoir si nous mourons, mais nous ne voulons pas encore mourir."
Mais une nouvelle étude britannique, "Qui se préoccupe des changements climatiques : attitudes à travers les générations" , a révélé que la fracture générationnelle sur l’action climatique est un mythe. Il n’y a quasiment pas de différence de points de vue entre les générations sur l’importance d’agir pour le climat, et toutes disent qu’elles sont prêtes à faire de gros sacrifices pour y parvenir.
En fait, ce travail de recherche a révélé que les personnes âgées sont plus enclines que les jeunes à penser qu’agir de manière respectueuse de l’environnement peut changer les choses. Parmi les personnes ayant boycotté une entreprise au cours des 12 derniers mois pour des raisons écologiques, il y deux fois plus de personnes de la génération du baby-boom que de jeunes de moins de 24 ans.
Pour le professeur Bobby Duffy, auteur de "Générations : est-ce que le moment où vous naissez, façonne votre personnalité ?" , le faux conflit entre les générations à propos de la crise climatique est "dangereux et destructeur. Il influence tant de discussions sur la question climatique qu’on accepte comme un fait établi que les jeunes sont en guerre contre les générations plus âgées qui non seulement se moquent totalement de l’avenir de la planète, mais sont aussi coupables de la crise actuelle.
Les parents et les grands-parents se soucient profondément de l’héritage qu’ils laissent à leurs enfants et petits-enfants - et pas seulement de leur maison ou de leurs bijoux, mais aussi de l’état de la planète. Si nous voulons un avenir plus vert, nous devons agir ensemble, en unissant les générations, plutôt qu’en essayant de creuser un fossé imaginaire entre elles."
L’étude pondérée de 2 050 adultes britanniques menée par le Policy Institute du King’s College de Londres et le magazine New Scientist révèle qu’environ sept personnes sur dix dans toutes les générations interrogées déclaraient que la crise climatique, le recul de la biodiversité et d’autres problèmes écologiques étaient des problèmes suffisamment importants pour justifier d’importants changements dans les modes de vie des gens.
Par contre, ce sont les jeunes générations, plutôt que les plus âgées, qui étaient les plus fatalistes quant à l’impact qu’elles pourraient personnellement avoir dans la lutte contre la crise climatique.
Pour environ un tiers de la génération des moins de 24 ans et de la génération des 25 à 40 ans, il ne servait à rien de changer leur comportement car "cela ne fera de toute façon aucune différence". Pour la génération des 41 à 56 ans et celle des baby-boomers, les chiffres étaient respectivement de 22% et 19%.
L’écart entre les générations est encore plus grand quant au rejet de cette idée qu’il ne servirait à rien de modifier leur comportement : 61 % des baby-boomers ne sont pas d’accord avec cette affirmation, contre 41% des 25-40 ans
Pour Richard Webb, directeur exécutif du magazine New Scientist, "On a beaucoup discuté des différentes attitudes entre générations par rapport aux problèmes urgents du jour, mais les résultats de cette enquête fournissent matière à réflexion pour les décideurs politiques avant le sommet crucial sur le climat de la Cop26. à Glasgow en novembre.
Le soutien à des mesures qui remettent nos vies sur des bases plus durables alors que nous cherchons à reconstruire à partir de la pandémie de Covid-19 est loin d’être l’obsession de quelques jeunes militants, mais jouit au contraire d’un large soutien à travers toutes les générations. Ce pourrait être une voie pour un engagement accru parmi des groupes de plus en plus déçus par la politique."
Article de Amelia Hill paru le mercredi 15 septembre dans The Guardian sous le titre : Generational conflict over climate crisis is a myth, UK study finds .