Durban : les enjeux vus par un Africain, Nnimmo Bassey

lundi 28 novembre 2011
par  Yan lou Pec
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Les Africains ne demandent pas la charité, mais la justice !

Nnimmo Bassey, Prix Nobel alternatif 2010 et président de la Fédération Internationale des Amis de la Terre
Nnimmo Bassey, Prix Nobel alternatif 2010 et président de la Fédération Internationale des Amis de la Terre. (Cliquer pour agrandir la photo)

Pambazuka News : Quel rôle Environmental Right Action (ERA ou Amis de la Terre-Nigéria) et la Fédération Internationale des Amis de la Terre vont-ils jouer à la Conférence sur les changements climatiques à Durban (Conférence des Parties n°17 ou COP 17) ? Sur quoi allez vous insister ?

Nnimmo Bassey : D’une façon générale, on n’attend peu de cette Conférence des Parties de Durban. Par contre, nous pensons que c’est une occasion très propice pour soutenir les peuples déjà touchés ainsi que le Mouvement pour la Justice Climatique. Nous demanderons aussi un régime qui s’attaque aux problèmes climatiques, qui comprenne que la crise est profonde et que les conséquences se font déjà ressentir. Nous voulons forcer les pays qui polluent à diminuer leurs émissions à la source, mais pas par des mécanismes comme la compensation et les mécanismes liés aux marchés, mécanismes qui leur permettent en plus de gagner de l’argent grâce aux dégâts qu’ils causent. Nous pousserons pour des objectifs d’émissions légalement contraignants, afin que l’augmentation des températures puisse être maintenue en dessous de 1,5° par rapport au niveau pré- industriel. Les Amis de la Terre-Nigéria demanderont la reconnaissance et le paiement de la dette climatique accumulée, due à des siècles d’exploitation et de colonisation de l’atmosphère.

Notre fédération, les Amis de la Terre International, veut en particulier mettre en lumière les effets négatifs des énergies sales, des grands barrages, des agrocarburants, des plantations et de l’agriculture industrielles, domaines qui tous sont financés ou peuvent être financés par les marchés carbone. Nous voulons aussi attirer l’attention sur l’accaparement des terres et les problèmes liés. Nous sommes encore en train d’affiner nos positions. Comme vous le savez nous avons des groupes dans 76 pays et chaque groupe membre est autonome. Nous devons passer du temps et de l’énergie en consultations.

Pambazuka News : Si l’on en juge par les résultats de la Conférence des parties de Cancún (COP 16), il est fort improbable que lors de la conférence de Durban (COP 17), il soit possible d’obtenir un accord multilatéral. Cet accord devrait justement être accepté par ceux-là mêmes qui sont les plus à blâmer pour les changements climatiques qu’ils causent, afin qu’ils reconnaissent les dommages qu’ils causent à ceux qui sont le plus touchés par les changements climatiques. Il est improbable qu’ils le fassent, pourquoi Durban est-il quand même important pour les militants pour la justice climatique ?

Nnimmo Bassey : Vous avez raison de dire que nous ne nous attendons pas à ce que sorte un résultat équitable de Durban. Pourtant, Durban sera un grand moment pour intensifier les campagnes contre le train-train habituel qui prévaut dans la façon de mener ces négociations. Durban a une histoire riche qui va encourager le Mouvement pour la Justice Climatique à devenir plus fort. Rappelez-vous que la résistance non-violente de Ghandi est plus ou moins née à Durban. Certains des mouvements les plus actifs contre l’apartheid se sont produits à Durban. Actuellement, Durban est le centre du Mouvement pour la Justice Climatique en Afrique du Sud. Ce n’est pas par hasard. Durban a certains des quartiers les plus pollués du pays, à cause de la très forte pollution due à des raffineries et des usines chimiques situées dans cette ville.

La frénésie immobilière dans les rues de Durban sera une source de motivation pour le Mouvement pour la Justice Climatique. En plus nous avons une motivation supplémentaire : nous devons résister aux projets d’exploitation offshore de pétrole brut au large des côtes de Durban, un projet qui ne pourra que raviver certaines plaies.

Pambazuka News : En toute hypothèse, quel serait pour vous le point essentiel pour un accord climatique juste et pourquoi ?

Nnimmo Bassey : Il faudrait que les pollueurs acceptent de réduire leurs émissions à la source et ce, dans l’amplitude que nos connaissances scientifiques jugent nécessaires pour maintenir les températures mondiales en dessous de 1,5°. Un simple régime d’objectifs volontaires aurait pour effet de griller l’Afrique et de noyer les petits états insulaires.

Pambazuka News : Lors d’autres conférences, les militants ont manifesté contre les solutions basées sur les marchés carbone, comme les « Mécanismes de Développement Propres ». A Durban il faudra se méfier de quelles « fausses solutions » ?

Nnimmo Bassey : La conférence de Durban va probablement s’appuyer sur ces mêmes mécanismes pourtant discrédités, de développement propres. Nous nous attendons à voir des formes encore plus vicieuses de mécanismes REDD (mécanismes de Réduction des Emissions dues à la Déforestation et la Dégradation des Forêts dans les pays en voie de développement) qui vont intensifier l’accaparement des terres qui provoque déjà des troubles en Afrique, en Asie et en Amériques Sud et Centrale. En fait, on s’attend même à l’inclusion dans l’ébauche d’accord, des sols comme moyens de capturer le carbone. Cela aidera les spéculateurs à mettre en place un modèle d’accaparement des terres qui pourra expulser les petits paysans vers des terres plus ou moins arides. Une recette infaillible pour augmenter la faim et la malnutrition dans des communautés vulnérables.

Pambazuka News : Le Nord va faire pression pour une « économie verte. Est-ce que cette couleur verte est très éloignée de la couleur des dollars et quels seraient les composants d’une économie réellement verte ?

Nnimmo Bassey : Derrière son humour, cette question est très sérieuse. Le concept d’économie verte qui a été développé durant les discussions Rio+20 (Conférence des Nations Unies sur le développement) et les négociations climatiques est un modèle de greenwashing, de verdissement. Il permet aux secteurs marron, comme les secteurs pétroliers et chimiques de prétendre qu’ils sont verts, grâce à quelques projets pilotes. Ce concept d’économie verte est très préoccupant et doit être questionné avec soin. Sinon, ce que nous aurons, c’est l’ignorance de la valeur intrinsèque de la nature et la formulation de valeurs fictives d’échange à propos de systèmes naturels, pour faire des profits et au détriment des gens.

Pambazuka News : Est-ce que vous pouvez donner des exemples d’impacts sur le terrain, des changements climatiques en Afrique ? Vous avez écrit récemment à propos des inondations au Nigéria. Quelles autres preuves apparaissent et quelles sont les conséquences ?

Nnimmo Bassey : Les sécheresses et la famine dans la Corne de l’Afrique sont des exemples éloquents. Les conséquences tragiques sont toutes évitables si les pays concernés avaient développé et construit des mécanismes pour y résister. Le manque de pluie dure depuis plus de trois ans, mais les institutions et les gouvernements l’ont ignoré. Des scientifiques avaient prévu qu’avec la hausse de la température de l’Océan Indien, les pluies qui devraient tomber sur les terres tomberaient en majorité sur l’océan. C’est un avertissement très clair pour les catastrophes à venir.

On peut déjà noter dans certaines zones, des pertes dans les cultures, de maigres récoltes. La désertification touche déjà 13 états dans le nord du Nigéria et s’étend. L’érosion côtière due à l’élévation des mers est une réalité.

Pambazuka News : l’idée de la dette climatique que les pays qui ont dégradé l’environnement doivent aux pays en voie de développement, a été avancée par la Bolivie et les mouvements progressistes de la société civile. D’un autre côté, le Royaume-Uni, prête par l’intermédiaire de la Banque mondiale, de l’argent aux pays en voie de développement pour qu’ils s’adaptent (aux changements climatiques), les enfermant encore plus dans la dette. Qu’en pensez-vous ?

Nnimmo Bassey : Les pays ont fait du financement de l’adaptation aux changements climatiques, un des points forts des négociations climatiques avec des propositions et des projets de financements climatiques qui ont pris beaucoup de temps et ont duré une éternité. La dette climatique a été depuis quelque temps déjà, une campagne des militants se battant pour l’écologie et la justice sociale. Le soutien de cette idée par des pays comme la Bolivie, montre qu’il y a une possibilité de faire l’union entre des états et des citoyens. La dette climatique a repris une des principales exigences de la « Conférence des Peuples sur les Changements Climatiques et pour les Droits de la Mère Terre » de Cochabamba (Bolivie) en Avril 2010.

Si la dette climatique est acceptée et payée, cela réparera de nombreuses injustices historiques, apportera les fonds nécessaires pour l’adaptation aux changements climatiques et pour bâtir des capacités de résilience dans les territoires et pays/nations vulnérables. Cela aiderait aussi les exploiteurs et pollueurs à trouver des moyens justes de faire des affaires et d’avoir des relations avec les autres. Cela nécessiterait de repenser nos livres de comptes mondiaux. Cela montrerait que les prétendus pays pauvres ont prêté et subventionné les nations riches et que les nations « riches » sont en fait les nations débitrices. La question du prêt d’argent aux pays en développement pour leur adaptation ne serait même pas posée puisque le paiement de la dette suffirait certainement et laisserait même probablement un surplus.

En fait, toute l’idée d’adaptation - sans que les facteurs qui causent les problèmes auxquels les nations doivent s’adapter ne soient stoppés - est inacceptable. Il semble que la position générale est que l’on ne peut rien faire contre les changements climatiques, si ce n’est s’y adapter. L’élément fondamental d’un tel argument, c’est que les affaires doivent continuer comme d’habitude (business as usual). C’est ce qui fait que certains ne voient pas les changements climatiques comme une crise, mais comme des opportunités commerciales ou financières.
(…)

A Copenhague, les Amis de la Terre refusent de quitter les locaux de la conférence

A Copenhague, les Amis de la Terre refusent de quitter les locaux de la conférence. (Cliquer pour agrandir la photo)

Pambazuka News : Lors de réunions précédentes, comme celles de Copenhague en 2009 et de Cancún en 2010, de très fortes critiques ont été exprimées contre la tendance à faire taire les voix des pays du Sud et les organisations de la société civile. Avez-vous le sentiment que cette situation s’est améliorée pour Durban ou est-ce que l’on aura l’ordre du jour habituel ?

Nnimmo Bassey : Le gouvernement sud-africain a surnommé la Conférence des Parties, la « Conférence des Peuples ». Nous attendons de voir ce qui va se passer. J’espère que les voix dont vous parlez vont être fortes à Durban. Seront-elles entendues ? C’est une autre question. A Copenhague, nous avons été muselés. A Cancún, nous étions isolés géographiquement. A Durban, le système néolibéral a toujours l’intelligence et la capacité d’ériger une autre barrière structurelle. Nous serions agréablement surpris, si les voix des dirigeants autorisaient que d’autres voies s’élèvent et soient entendues.

Pambazuka News : Alors que la plus grande partie des pays du Sud doit affronter les mêmes défis liés aux changements climatiques, il est souvent difficile de réussir l’unité politique et de ne parler que d’une voix. Est-ce que vous voyez des unions politiques forts se développer entre pays autour de ces questions ou est-ce qu’il est probable que chaque pays avancera ses propres positions ?

Nnimmo Bassey : Il y aura des coalitions politiques fortes qui vont émerger, mais pas à Durban. A Durban, il y aura encore des nations avec des tambours abimés, pour être sûrs que des sons discordants se fassent entendre. Le jeu que jouent ces briseurs d’union est de s’efforcer d’obtenir quelques miettes qui tomberont de la table des puissants de ce monde. Il est malheureux qu’au lieu de défendre des principes comme la justice et l’équité, des leaders du Sud préfère s’aplatir devant les nations puissantes, tendre leur bols vides pour quelques miettes et mettre en avant leur « vulnérabilité » comme distinction honorifique.

Une fois qu’on a dit cela, il faut reconnaître les efforts faits par la société civile pour mettre en évidence que les négociations actuelles bloquent la convergence de leurs besoins et pourquoi il faudrait s’unir pour le bien de la planète. Malheureusement, certains pays ne voient que leurs intérêts étroits qui ne reflètent même pas les vœux de l’immense majorité de leurs citoyens. Des voix unies et fortes ne pourront se faire entendre que le jour où les dirigeants apprendront à écouter et entendre.

Pambazuka News : Comment décririez-vous le niveau général de compréhension des changements climatiques au sein des délégations gouvernementales chargées de représenter leurs concitoyens à cette COP17 ?

Nnimmo Bassey : Malheureusement, ce niveau ne se base pas sur une compréhension et un questionnement rigoureux de ces questions. Même lorsqu’il y a d’excellents techniciens et négociateurs au sein des gouvernements, il semble qu’il y ait comme un pare-feu entre eux et les décideurs politiques. Ces discordances effacent le bénéfice de l’utilisation des connaissances disponibles qui a pu être gagné par ces ministères. Cela se produit parfois parce que les techniciens ont bâti leurs connaissances sur la durée. Ils ont aussi tissé des relations avec les acteurs éclairés de la société civile qui enrichissent leurs connaissances dans le temps. Les politiciens et les ministres ont moins d’expérience dans leur poste, changent fréquemment et se font les représentants d’intérêts étroits qui ne reflètent pas ceux de leurs concitoyens. C’est cette pièce qui va être jouée, une fois de plus, à cette conférence.

Pambazuka News : D’après vous, dans quelles mesures les gouvernements et la société civile d’Afrique ont réussi à communiquer sur les défis liés aux changements climatiques vers un public plus large sur le continent ?

Nnimmo Bassey : Les groupes de la société civile ont fait de gros efforts par l’intermédiaire de campagnes de mobilisation, de rencontres avec les communautés pour informer sur les changements climatiques. Je sais que ces efforts ont été faits en direction des enfants et des jeunes ainsi que des groupes de femmes. Les gouvernements doivent faire plus. Les gens sont encore surpris par les conséquences des changements climatiques. Les gens ne sont pas préparés à faire face aux défis qui leur tombent dessus. Il reste encore beaucoup de travail à faire à tous les niveaux.

Pambazuka News : Quel rôle jouera l’Union Africaine lors de cette conférence ?

Nnimmo Bassey : L’Union Africaine devrait avoir un rôle central dans la concrétisation des aspirations des peuples d’Afrique durant cette conférence. L’Afrique est le continent le moins préparé à faire face aux catastrophes dues aux changements climatiques. Pourtant, on ne sait pas si l’Union Africaine sera de quelque utilité. Il apparaît, des informations qui sont sorties comme celles de Wikileaks, que certains dirigeants de l’Union Africaine sont totalement compromis. Il n’y a aucune raison d’espérer que l’Union Africaine se batte pour une position et des principes forts qui aideraient le continent. Nous nous apprêtons à les entendre demander la charité, au lieu d’exiger que la dette climatique soit payée et que les nations riches arrêtent d’attiser les conflits sur le continent, ce qui réduit d’autant notre capacité à réagir aux défis climatiques.

Pambazuka News : Alors que souvent les media et les grands débats sur la consommation énergétique et les changements climatiques tendent à se focaliser sur l’individu, c’est souvent l’activité des multinationales qui contrôle une portion importante de l’énergie nationale. Quelle sera la place consacrée durant cette conférence à débattre de la consommation d’énergie des multinationales ?

Nnimmo Bassey : Cette discussion aura lieu dehors, dans les espaces réservés à la société civile. C’est dans ces espaces que les actions pour notre avenir se construiront. C’est là que les causes fondamentales des changements climatiques seront disséquées et que de vraies solutions, comme faire pression pour une civilisation post-pétrolière, seront avancées. A l’intérieur de la conférence, l’accent restera mis sur la manière de donner aux multinationales les meilleures conditions d’investissement. Ce sera l’espace où l’on discutera des accès les moins chers à l’électricité pour les multinationales. Elles vont rechercher et possiblement obtenir que les conditions de base leur soient assurées pour de nouveaux carburants fossiles et des systèmes de subventions sournois, avec la Banque Mondiale, leur alliée, jouant un rôle central dans l’architecture de la finance carbone. Ce sera une plateforme pour élaborer plus de mécanismes de compensation et de commerce carbone. Cela permettra aux multinationales d’intensifier leur frénésie de pollution, tout en amassant les profits tirés de la désolation humaine et écologique qu’elles laissent dans leur sillage.

Les Nations-Unies ont récemment commencé un processus pour solliciter les huit plus grandes compagnies mondiales d’électricité, afin qu’elles les conseillent sur la manière de développer l’accès à l’électricité par l’intermédiaire de Partenariats-Public-Privé. En effet, les Nations Unies considèrent ces partenariats comme une solution pour lutter contre la pauvreté énergétique dans le monde. La conférence fournira « l’environnement financier risque/profits » adapté aux multinationales et aidera à consolider la position des compagnies du secteur énergétiques existantes, en attendant plus !

Pambazuka News : Les militants déjà inquiets de la menace des OGM pour le système alimentaire mondial sont de plus en plus préoccupés par le soutien que les multinationales apportent à des solutions technologiques drastiques comme la géo-ingénierie de l’atmosphère. Est-ce qu’il y aura des discussions sur ces technologies à risques à la Conférence des Parties ?

Nnimmo Bassey : Il est probable qu’il y ait des discussions sur ces technologies à risques lors de la COP, en particulier lorsqu’ils aborderont dans les discussions, des sortes de nouveaux REDD. Ils ne mentionneront vraisemblablement pas ces techniques de geo-engénierie par leurs noms, mais les discussions générales ouvriront la voie par exemple, aux crédits carbone qu’il sera alors possible d’encaisser en stockant le carbone dans les sols. En fait, il y a des tentatives pour introduire en Afrique les plantes modifiées génétiquement dans l’environnement, sous prétexte de fournir des plantes, non pas Roundup Ready, mais « Climate Ready », c’est-à-dire modifiées pour résister à des événements climatiques graves. Les fausses allégations des biotechnologies modernes continuent sans relâche, poussées par les énormes intérêts des multinationales et leurs gouvernements aux chaussures vernies.

Il y aura des débats directs et intenses à propos de ces technologies risquées durant cette conférence, mais une fois de plus, ils se dérouleront essentiellement à l’extérieur. Un des grands défis pour cette conférence et les prochaines est de trouver la façon de créer une convergence entre l’intérieur et l’extérieur, de faire que l’extérieur devienne l’intérieur, afin que les gouvernements soient ceux du peuple, là par le peuple et pour le peuple.

Interview menée par PAMBAZUKA NEWS et AFRICAN AGENDA paru sur le site de Climate Justice Now.


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