Ce sont 64 "pisseurs volontaires" qui ont fait effectuer leur analyse d’urines en octobre dernier. Résultats sans surprise : tous positifs au glyphosate, comme les plus de 5000 participants à la Campagne aujourd’hui.
Soixante d’entre eux ont choisi de déposer plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, tromperies aggravées et atteinte à l’environnement, contre les fabricants de pesticides et tous ceux qui ont autorisé leur mise sur le marché.
Intervention des Amis de la Terre sur l’agri-bashing :
Certains vont nous accuser de faire aujourd’hui encore de l’agri-bashing. Mais qu’est-ce que c’est que ce nouveau mot barbare que l’on entend de plus en plus souvent ?? Que diable veut dire bashing exactement ? Le dictionnaire nous donne deux sens : bashing signifie dénigrement ou raclée.
Vendredi dernier la FNSEA recouvrait la place de Douai de fumier, au grand mécontement du maire et des commerçants. Les forces de l’ordre, elles, assistaient placidement. Quand on compare cette attitude presque complaisante au traitement d’autres manifestants lors d’autres manifestations, de quoi se plaignent les agriculteurs de la FNSEA ? En tout cas, lorsqu’il est question d’agri-bashing, il ne s’agit certainement pas de violence physique contre les agriculteurs.
Il s’agirait donc de dénigrement contre les agriculteurs ?
Mais peut-on parler de dénigrement, lorsque rapport scientifique après rapport scientifique, les conséquences dramatiques de certaines pratiques agricoles sont exposées ?
Un exemple : la synthèse de 73 études scientifiques internationales a tiré deux conclusions :
- 80 % des insectes ont disparu en Europe et avec eux des dizaines d’espèces d’oiseaux.
- l’agriculture intensive est responsable de cette hécatombe dramatique.
Est-ce aussi du dénigrement lorsque la plus haute Cour de Justice européenne et le Conseil d’Etat donnent raison aux demandes de la Confédération Paysanne, des Amis de la Terre, du Réseau Semences Paysannes et de 6 autres organisations pour enfin règlementer tous les OGM cachés, mais aussi exclure du catalogue officiel ces OGM qui n’ont pas suivi la procédure d’autorisation de mise sur le marché ?
Est-ce du dénigrement que de constater que les objectifs du plan Ecophyto qui devait obtenir la diminution de moitié des pesticides a en fait eu l’effet totalement contraire malgré les 400 millions de subventions ?
Ce terme d’agri-bashing ne serait-il pas apparu avant les élections professionnelles agricoles pour chauffer les troupes en jouant sur la victimisation de la profession ? Ce terme ne serait-il pas l’arbre qui cache les vrais problèmes des agriculteurs et cache leurs divisions internes ?
En réalité, le fossé n’est pas entre LES agriculteurs et la société française. Il traverse la profession agricole elle même. D’un côté on a les tenants d’un modèle à bout de souffle qui ne connait que la fuite en avant : toujours plus de mondialisation, financiarisation, industrialisation, numérisation, artificialisation, concentration de toujours plus de moyens dans toujours moins de mains, toujours plus de ressources et d’énergie englouties...
De l’autre, on a des agriculteurs qui veulent une agriculture paysanne, familiale qui garde des campagnes vivantes et peuplées, qui permette à celles et ceux qui travaillent sur les fermes de vivre dignement de leur travail, une agriculture qui fournisse des aliments de qualité tout en respectant les sols, l’air, l’eau, la faune et la flore, une agriculture qui refroidit la planète.
Avec la menace des changements climatiques, nous aurons besoin de solidarité avec celles et ceux qui nous nourrissent, dans l’intérêt de tous. Mais l’agriculture devra retrouver son rôle premier : nourrir les humains, pas d’engraisser les multinationales...
Voici quelques photos de ce rassemblement devant le tribunal de Dax, mercredi 12 février 2020 ainsi qu’un lien vers l’article de Sud-Ouest :
