Voici un article du site Romandie (http://www.romandie.com) qui présente le travail que font nos collègues des Amis de la Terre Cameroun, en prenant de gros risques quotidiens...
La campagne conjointe des Amis de la Terre France et Cameroun contre l’exploitation du Maobi (Voir ICI) fut lancée en France dans les Landes (Photo).
Ndemba (Cameroun) - Il n’y a aucune traçabilité sur ces billes. C’est illégal, indique devant 40 troncs entreposés au bout d’une piste camerounaise une des responsables de l’ONG dénommée Centre pour l’environnement et le développement (CED - Amis de la Terre Cameroun), qui traque les exploitants forestiers illégaux.
Des traces de pneus d’engins ayant servi à sortir le bois de la jungle marquent la piste défoncée qui s’arrête aux billes dans l’anonyme forêt de Ndemba, un petit village du centre du Cameroun.
Christiane Tobith, également membre du CED, à l’origine de cette descente explique : On devrait (lire sur chacune des billes de bois) le numéro du titre (d’autorisation à couper), la date d’abattage et le numéro qu’on donne à l’arbre pour savoir où il a été coupé, le +Marteau+ (tampon) du délégué de l’administration forestière.
Depuis des mois, ils (les exploitants clandestins) ont beaucoup coupé. J’ai découvert un autre parc de 8 billes, un troisième de 61 billes dans des forêts voisines, accuse sous couvert d’anonymat un surveillant local des forêts qui sert de guide à l’équipe.
Le département de la Haute-Sanaga (où se trouve Ndemba) a fait l’objet d’une intensification de l’exploitation forestière au cours de ces sept dernières années, souligne Samuel Nguiffo, secrétaire général du CED.
Le CED a formé une trentaine d’observateurs locaux dans le département de la Haute-Sanaga et dans l’Est du pays afin de leur permettre de déceler des indices d’exploitation forestière illégale, explique M. Nguiffo.
Selon Mme Tobith, grâce à la surveillance locale, 15 cas d’exploitation illégale ont été dénoncés au ministère des Forêts et de la Faune (Minfof).
Au Cameroun, de nombreuses forêts sont exploitées illégalement et le bois prélevé est prioritairement destiné au marché européen, affirment certains rapports.
Ainsi, le Cameroun est le premier fournisseur africain de produits faits en bois à l’Europe. En 2010, le pays a signé avec l’Union européenne un accord de partenariat volontaire prévoyant que le bois envoyé en Europe soit certifié mais l’accord ne devrait entrer en application qu’en 2012.
En 2009, un rapport de l’ONG française les Amis de la Terre sur les principaux aspects de l’illégalité décrivait les coupes à l’intérieur d’une réserve forestière, l’utilisation frauduleuse de titres d’exploitation, la complicité de certaines administrations locales ou encore la destruction de plantations villageoises.
L’activité rapporte aux fraudeurs : une essence telle que le Tali est livrée au port de Douala à 2.000.000 FCFA (3.000 euros) la grume de 10m3 tandis que le coût d’une grume de Sapelli est estimé à 1.650 euros, souligne Mme Tobith.
Pour couper illégalement, les fraudeurs s’appuient notamment sur les autorisations de récupération de bois (ARB) et les autorisations d’enlèvement de bois (AEB), alors que ces autorisations n’ont pas été conçues pour l’abattage des arbres mais pour récupérer le bois lors de la réalisation de projets de développement pouvant entraîner la destruction des arbres ou lors des catastrophes naturelles, explique un haut responsable du Minfof, Samuel Ebia.
A Missibigui, localité voisine de Ndemba, une société a opéré des coupes avec une ARB alors qu’elle n’était pas autorisée à exercer dans la zone, affirme le CED. En plus, son autorisation a expiré depuis fin juin.
Le Minfof a considérablement réduit le nombre d’ARB et d’AEB, passant de 43 en 2009 à deux pour tout le pays actuellement.
Cela participe d’une action d’assainissement afin de mettre un terme au phénomène d’exploitation illégale qui a fait son lit notamment par le dépassement des limites, des volumes, et le non paiement des taxes, assure M. Ebia.
(©AFP / 14 novembre 2011 05h05)
Présentation des Amis de la Terre Cameroun par Belmond Tchoumba : http://www.foei.org/fr/who-we-are/focus/cameroon.html