Climats : 2019, nouvelle année d’émeutes de la faim ?

lundi 20 mai 2019
par  Yan lou Pec
popularité : 26%

Ce début d’année 2019 voit une succession de phénomènes météorologiques inhabituels qui provoquent de grosses inquiétudes pour l’agriculture.

Pour les agriculteurs des Etats-Unis, l’année 2019 se transforme en un cauchemar qui n’en finit pas. Des pluies sans fin et des inondations sans précédent font que les champs du centre du pays sont complètement détrempés. De nombreux agriculteurs n’ont pu mettre en culture leurs terres. D’après le ministère de l’Agriculture, seulement 30 % des champs de maïs états-uniens étaient plantés au 15 mai, alors que la moyenne pour cette date, ces cinq dernières années était de 66 %. Pour le soja, le taux de plantation était de 6 % comparé à une moyenne de 29 % ces cinq dernières années à la même date.

Voici les chiffres pour quelques états agricoles importants : 48 % des exploitations agricoles de l’Iowa sont mises en culture, contre 76 % en moyenne sur cinq ans. Au Minnesota, 21 % contre 65 % en moyenne. Et les chiffres de l’Illinois sont pires encore, avec seulement 11 % pour le maïs, contre 82 % en moyenne et 4 % pour le soja contre 56 % en moyenne.

Le service météorologique de l’Illinois signalait que les précipitations d’avril/mai battaient tous les records sur une période de 124 ans et que le sol est si détrempé que le taux d’humidité se situe entre 90 et 99 %.

De plus après le 15 mai, les agriculteurs escomptent pour chaque jour écoulé où le maïs n’est pas en terre, une perte d’environ 2 % de leur rendement. Malheureusement, il pleut encore et il semble que des milliers de producteurs de maïs ne seront pas en mesure de planter du maïs cette année. Il n’est pas exagéré de dire que que la production agricole sera bien en-deçà des prévisions normales.

En 2008 une vague d’émeutes de la faim balaya le monde. Mais ces émeutes avaient alors une cause politique.

Certains pourraient avancer à juste titre qu’il n’y pas que les Etats-Unis comme producteurs sur la planète. Mais les Etats-Unis sont le pays où les cours mondiaux des grains sont fixés.

Rappelons nous de la crise « agricole » majeure qui fut provoquée par l’accélération brutale du programme d’éthanol de maïs des Etats-Unis. La production de maïs pour l’éthanol passa de 14,4 % pendant la campagne 2005-2006 à 23,7 % pendant la campagne 2007-2008 soit une augmentation de 9,3 %. Cela provoqua une hausse importante des cours de cette céréale et une augmentation de la surface plantée en maïs au détriment d’autres céréales qui virent elles aussi leurs cours mondiaux grimper. Suivirent ensuite une spéculation effrénée sur les matières premières agricoles qui provoqua une flambée des prix alimentaires et une ruée sur les terres agricoles mondiales par les pays solvables.

La première émeute eut lieu au Mexique en 2017 avec la révolte des Tortillas, car l’Accord de Libre Echange Nord Américain (l’ALENA) a rendu le Mexique dépendant du maïs états-unien. 2008 fut marquée par des émeutes de la faim dans une quarantaine de pays - Guinée, Mauritanie, Sénégal, Maroc, Ouzbékistan, Côte d’Ivoire, Pakistan, Philippines, etc. - et plusieurs gouvernements furent renversés - Haïti, Madagascar.

Si le seul fait de retirer du circuit alimentaire 9,3 % du maïs en 2007 a eu de telles conséquences mondiales, on peut s’inquiéter des conséquences possibles des intempéries actuelles aux Etats-Unis.

D’autant que d’autres pays ont été touchés. L’Australie est frappée depuis deux ans par une sécheresse et des vagues de chaleur exceptionnelles - et dernièrement aussi par des inondations monstrueuses. Les autorités australiennes ont autorisé un négociant à importer pour la première fois depuis dix ans du blé. La dernière fois, c’était en 2007, lorsque les conditions climatiques liées au phénomène El Niño avait provoqué des sécheresses et une baisse de la production de 50%.

Injustice climatique

L’Australie est riche et peut importer de la nourriture si certaines matières agricoles viennent à manquer.

Ce ne sera pas le cas pour beaucoup de pays, si les cours mondiaux des céréales flambent. Il se pourrait bien que 2019 soit une nouvelle année d’émeutes de la faim et le prémisse de ce qui nous attend dans les années qui viennent.

Alors que les (pays) riches sont les premiers responsables des changements climatiques, les (pays) pauvres en sont les premières victimes.

Mais lorsque les plans d’austérité étaient imposés aux pays du tiers-monde pour payer leurs "dettes", personne ou presque ne s’en préoccupait dans nos pays riches. Ce n’est que quand les mêmes plans nous ont frappés que nous avons commencé à réagir. Faudra-t-il que nos pays riches soient secoués par des émeutes de la faim pour qu’on commence à réagir et à prendre enfin les bouleversements climatiques au sérieux ?

N’oublions pas que la première activité humaine que les bouleversements climatiques affectent gravement, c’est l’agriculture, c’est-à-dire la production de nos aliments. Sans bonnes récoltes, pas d’assiettes pleines...

Cet article se base sur les articles suivants :
Drought forces Australia to import wheat for first time in a decade
Total Catastrophe For U.S. Corn Production : Only 30% Of U.S. Corn Fields Have Been Planted – 5 Year Average Is 66%
Wet weather leads to crop planting delays for Iowa farmers
Ethanol de maïs : spéculation et famine !
Ethanol : l’énergie du … désespoir ou comment affamer des millions de pauvres !
Faim dans le monde, crime contre l’humanité


Agenda

<<

2023

 

<<

Mars

 

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
272812345
6789101112
13141516171819
20212223242526
272829303112
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois

Statistiques

Dernière mise à jour

vendredi 17 mars 2023

Publication

712 Articles
17 Albums photo
Aucune brève
Aucun site
9 Auteurs

Visites

763 aujourd’hui
1258 hier
952118 depuis le début
5 visiteurs actuellement connectés