Finalement en France, avec notre ferme des 1000 vaches, nous sommes des petits joueurs ! En Espagne, au moins, certains industriels ne font pas dans la demi-mesure !

Noviercas est un village de 155 habitants dans la province de Soria, au sud de Logroño, pas très loin de chez nous. C’est là que la Coopérative agricole navarraise Valle de Odieta a choisi de construire la plus grande usine de lait d’Europe avec… 20 000 vaches laitières !

Combien de vaches font 20 000 vaches ?

20 000 vaches cela fait 40 km de vaches en file indienne.

Aux Etats-Unis, berceau de l’élevage industriel, la construction d’une usine à lait de 30 000 vaches en Oregon sur les rives de la rivière Columbia a provoqué la mobilisation de collectifs de défense de l’eau, de la santé publique et du bien être animal. Ils font valoir qu’il s’agit d’une des plus grandes usines à lait des Etats-Unis et dénoncent les impacts sur la qualité et la disponibilité de l’eau et la qualité de l’air.

En Espagne, la plus grande unité de production laitière appartient justement déjà à Valle de Odieta et comprend 4 800 vaches. Elle se situe à Caparroso en Navarre.

Plus d’eau que toute la ville de Soria

L’exploitation de cette unité, telle qu’elle est prévue, consommera entre 4 et 6,35 millions de litres d’eau par jour, ce qui inclut les usages directs (pour boire) et indirects (nettoyage de l’exploitation, des systèmes de traite, etc.), pouvant ainsi dépasser la consommation de toute la population de la ville de Soria avec près de 6,15 millions de litres par jour. Cette usine à lait produira 368 000 tonnes d’excréments par an, l’équivalent d’une population de 4,4 millions de personnes. Cette quantité représente le double des déchets organiques de toute la population de Castilla et Leon et 50 fois ceux générés par tous les habitants de la province de Soria.

Nourrir 20 000 vaches

600 tonnes de fourrage seront nécessaires chaque jour pour alimenter les 20 000 vaches. La superficie nécessaire pour produire une telle quantité est un autre impact écologique à prendre en compte. Plus problématique encore, est la production des protéines végétales, puisqu’elle a lieu majoritairement hors des frontières espagnoles. Le soja, en presque totalité transgénique, provient de pays d’Amérique du Sud, principalement du Brésil, de l’Argentine, de l’Uruguay et du Paraguay. C’est la principale source de protéines dans les aliments pour animaux. Plus de 60 tonnes de soja par jour seront nécessaires pour satisfaire les besoins de cette usine à lait. Cela implique que chaque année 6 000 hectares soient cultivés en soja dans les pays du sud. La production de soja est une des principales sources de déforestation, de déplacements de populations et d’accroissement des volumes de produits agro-chimiques utilisé dans le Cone Sud de l’Amérique. Ses impacts sur la santé publique et l’environnement sont catastrophiques.

L’implantation de cette usine a provoqué une polémique dans la province de Soria. Ses partisans la présentent comme une chance de développement et de croissance économiques. D’autres craignent que les industriels n’encaissent les bénéfices et ne laissent aux territoires concernés que les problèmes à régler. D’après les calculs effectués par la Coordination des Organisations d’agriculteurs et d’éleveurs, la méga-usine à lait remplacera 432 exploitations familiales et détruira 726 emplois en zones rurales.

L’élevage industriel est une des causes majeures des changements climatiques et de la perte de biodiversité. Il est nécessaire de promouvoir un autre modèle d’élevage qui respecte le milieu et dynamise l’économie et l’emploi sans compromettre notre santé et celle de notre environnement.

Article de nos collègues Amigos de la Tierra