Assises de l’agriculture MACS – 16 DECEMBRE 2016
Compte rendu
jean michel moresmau - maraîcher bio Soustons – amis de la Terre 40
Merci pour cette initiative, ces premières assises permettent d’envisager demain...
« Quels sont les enjeux de demain pour la filière agricole du territoire de MACS ? »
Voilà le premier exercice périlleux de ces assises conduites par l’animateur puis par Eric Kerrouche Président de la communauté de commune Maremne Adour côte sud (CDC MACS). Cette partie, si elle avait été présentée moins vite, aurait à mon sens favorisé la nature des échanges durant les ateliers. Il me semble que tout y était pourtant...
Pour ne pas rester sur notre faim, voici la liste des défis à la filière agricole pointés dans l’avis récent du CESE (conseil économique, social et environnemental) sur un futur agro-écologique :
http://www.lecese.fr/travaux-publies/lagroecologie-defis-et-enjeux
Quelques points clefs relevés dans la brève allocution d’ Eric Kerrouche :
MACS 10 000 ha de SAU (surface agricole utile), 300 exploitants - 1/3 d’élevage.
La délégation des responsabilités à la CDC MACS via la loi Notre applicable dès 2017 permettra une synthèse foncière via le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI) et un appui économique au développement des entreprises y compris agricoles.
Le cas particulier de MACS engagé dans une démarche de transition TEPCV (Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte) implique aussi de réfléchir à une agriculture plus économe en énergie, une agriculture contribuant à l’autonomie du territoire vis à vis des énergies fossiles...
Le président de la CDC convient des nécessaires évolutions de l’agriculture induites par les changements climatiques et la prochaine diminution des quantités d’énergies (fossiles) disponibles. Ces changements passent par l’articulation des différentes agricultures entre elles associées dans une dynamique permanente d’innovation...
Présentation de Madeleine CHARRU – Directrice de Solagro - Toulouse
Mme CHARRU a résumé en 20 minutes l’étude prospective AFTERRE 2050. C’est un modèle mathématique alimenté par des millions de données théoriques puis rebouclé avec des données réelles. Cet outil valide une évolution agro-écologique de l’agriculture Française.
Le modèle parie sur une meilleure nutrition du consommateur ! Point fondamental : la consommation des protéines devrait passer du ratio actuel 2/3 de protéines animales-1/3 protéines végétales à l’inverse 1/3 de protéines animales-2/3 protéines végétales ! La surconsommation (quantité, sucre) et les gaspillages doivent être jugulés. Les repas structurés sont à préserver !
Le pas vers l’agro-écologie est rendu possible par la limitation des productions animales qui libèrent une grande partie des 80 % des terres agricoles qui y sont consacrées aujourd’hui.
L’ agriculture agro-écologique par son approche globale de pilotage de l’écosystème utilise toutes les solutions biologique, techniques, chimiques (avec prudence) pour garantir une production économiquement viable. Elle s’oblige à « renaturer » les sols (durabilité des productions).
L’agriculture en 2050 prendrait le modèle ci-dessous (une autre présentation Solagro) :
PI culture intégré CI cultures intercalaires AF agroforesterie CA cultures associéesEn 2050... https://www.youtube.com/watch?v=6dgAu9l59FQ
Pour SOLAGRO, l’agriculture raisonnée constitue un petit pas vers la durabilité... En 2050, le double pas vers 50 % en agriculture biologique et 50 % en production intégrée (lutte biologique intégrée) réduisent les volumes d’intrants. Le travail du sol réduit (Techniques Culturales Simplifiées) se généralise. Les parcelles sont diversifiées (polyculture), associées avec un ou des élevages. 10% passent en agroforesterie avec arbres et haies (fruitières ?)... La culture est continue (culture inter-rangs, culture permanente, ...) et densifiée (cultures associées). Sur 1 parcelle on obtient 6 productions ! La plateforme OSAE (pour OSEZ L’AGROECOLOGIE) de SOLAGRO assiste le changement par des témoignages d’agriculteurs et des fichiers ressources.
Note 1 : L’agro-écologie possède dans le monde une dimension sociale, base d’une agriculture paysanne capable de donner une autonomie alimentaire aux producteurs (souveraineté).
Note 2 : agriculture bio-agroécologie-permaculture ? « La permaculture n’est pas à proprement parlé un système agricole. Son objet est plus vaste. Elle consiste à construire des installations humaines durables et résilientes. » Dont un jardin ou un système nourricier agro-écologique...
Intervention chambre d’agriculture :
Mr Benquet, Me Degas, Me Buthon de la Chambre d’agriculture des Landes présentent tour à tour les spécificités de MACS dans le paysage landais puis de manière plus générale les différents circuits courts.
Un regard globalement positif émane de ses présentations...
- 80 % de la production de MACS serait dédiée à l’alimentation humaine (l’inverse dans les Landes).
- Un agriculteur de MACS est 25 % plus rémunéré que l’agriculteur landais.
- Des filières de qualité et des produits reconnus (national).
- MACS c’est 5 % SAU Landes, 5 % de bio (maraîchage), 2 fois mieux que la moyenne landaise.
- Un territoire MACS diversifié, deux secteurs au NORD maïs semence, maïs doux et pop-corn, au SUD kiwi, maraîchage, aromatique, fraises, chanvre, élevage bien représenté avec plusieurs éleveurs de vache à viande, 9 laiteries, 1 (et bientôt 3) de chèvres, 40 poulet/palmipèdes.
- 25 installés (- de 40 ans) sur 40 (?) : total en 2015, 7 hors cadre, 5 maraîchers, 50 % vente directe.
- Nouveaux circuit cours 2016 : drive fermier Yzosse, magasin producteur Villeneuve Marsan, ruches. Ces interventions ont abordé la pression foncière exercée sur les terres agricoles avec la nécessité d’identifier les ’friches’ disponibles ainsi que le partage de la ressource eau.
Retour des ateliers :
Celui ci se passe à Très Grande Vitesse, sans doute une habitude landaise, du coup peu de commentaires ou de question...
- Atelier d’échanges n° 1 : Comment structurer une offre en circuit court sur le territoire ? L’offre existe (marchés, Amap, magasin de producteur). Il convient de les identifier, les étoffer, accompagner les porteurs de projet. Il semble nécessaire de renforcer encore l’offre vers la collectivité (comme la « légumerie » salade crée en 2016).
Voir opportunité de nouvelle loi en cours d’adoption pour les achats des collectivités : 40 % de produits relevant de l’alimentation durable, 20 % des produits servis sont issus de l’agriculture biologique . C’est la bataille ! ! !
- Atelier n° 2 : Comment développer une stratégie foncière pour l’activité agricole ? Une plate forme de réflexion autour du PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal) serait saisie du problème des surfaces agricoles et de l’accès au foncier...
Un recensement des SAU disponibles semble nécessaire : un participant annonce 50 ha disponible sur une des commune de MACS, d’autres agriculteurs et de nombreux « aspirants » à ce métier manquent cruellement de terre sur d’autres communes...
- Atelier n° 3 : Comment développer des actions agri-innovantes sur le territoire ? Synthèse : les agriculteurs innovent en permanence, ils sont de bonne volonté, pourquoi pas une plateforme de pilotage pour le choix des aides ? Une ferme pilote ? Une approche en filière ? (du champ au consommateur en passant par l’industrie, ex du chanvre textile)
Tour de table détaillé car j’ai participé à cet atelier, peu d’échanges, plutôt un tour de table de présentation ou d’histoire riches :
- rappel rôle CDC (E. Kerrouche) => aide foncier-finances, souhait rôle transition énergétique, => innover par le concret : projet mini ferme marine sur Capbreton.
- chambre agri (Lucie Degas), l’innovation par le transfert bio vers conventionnel ? Par le regroupement en GDA (groupe de développement agricole) ?
- Civam bio (Nathalie Rousseau), créer de l’accompagnement, bientôt un conseiller Landes.
- Lucie Mathieu (Pays ALO) : des financements Leader ou autre => regrouper sur une plate forme de l’information les différentes aides financières possibles.
- Christophe Sartre, cofondateur de la SICA BIO, maraîcher bio, innover par la formation (accueille 1 jeune par an + 1 apprenti en ce moment).
- Dominique Perron : maraîcher bio – élu Soustons => protéger la ressource eau (quantité et qualité). => créer une plateforme « ferme pilote » ? Idée reprise en synthèse par E.Kerrouche qui aurait un terrain...
- Jean Michel Moresmau : innover en intégrant des principes de permaculture « rêver » une nouvelle agriculture, le rôle de l’arbre, la gestion circulaire des déchets, l’enracinement d’une offre dans la culture locale » sous forme de proverbe (voir document annexe 1).
- Elevage poulet ou viande : élever des volailles et sa filière (Labeyrie) d’excellence est d’un poids économique important... Les éleveurs perçoivent ses états généraux comme une menace sur leur activité. Les éleveurs de blonde d’aquitaine peinent à maintenir/diversifier leur activité (concurrence, augmentation de la population « hors contexte » sur leur commune ou pression « touristique » de la vélo-route réalisée hors concertation qui « coupe » leur activité... => gestion concertée des trames vertes et bleu, respect du foncier agricole, gestion de conflits d’usage, évolution des métiers d’éleveurs vers la polyculture/élevage ?
- D. DUBUS et son épouse (conservatoire avicole du Puyaubran Magescq) – 81 ans : innover par la conservation des espèces et de leur qualité premières la rusticité ! Former des éleveurs de volaille ! Commencer petit ! Favoriser le plein air ! Soigner aux huiles essentielles ! Maintenir les prix !
- Vincent Lartisien : issu du surf, a quitté ce milieu pris de fièvre industrielle, pour lancer une filière chanvre : du champ au T-shirt, une bien belle histoire...
Clôture des États Généraux de l’Agriculture :
Quelques regrets ont été exprimés par un jeune agriculteur des Landes sur l’absence des grands opérateurs agricoles à ces premières assises... (Maïsadour, Euralis , …). Et pourquoi pas la grande distribution ? (ses ventes en bio bondissent pour atteindre 20 % dans certains rayons, le lait par exemple). Voir vers 7mn30 une interview du directeur de super U.
Un bon niveau de l’exposé de SOLAGRO qui accompagne l’évolution agro-écologique d’un territoire.
Un long travail sur les questions posées s’avère crucial pour obtenir un résultat opérationnel : échange d’expériences et d’idées, évolution des productions, mobilisation des terres délaissées, préparation des transmissions, développement de nouveaux circuits alimentaires courts, de nouvelles pratiques agricoles, de nouveaux produits agricoles (biomasse, chimie verte, … ).
voir assises en Provence verte.
Les liens entre quantité / qualité des eaux et modèle agricole n’ont pas été abordés. Hors c’est un enjeu majeur car une agriculture de restauration peut participer tant à la quantité disponible (par exemple + d’arbres) qu’à la qualité des eaux (plantes phytoépuratrices).
Conclusion qui en vaut une autre, voici la collation qui nous fut offerte : vin locaux, pâtés locaux dont un au poisson (4 pots par table de 4 personnes), mini assiette de foie gras poêlé avec un brin de décoration légumière, fromage et pastis. Félicitation gustative au chef Pierre Clos-Cot et bravo aux producteurs. A quand un repas agro – éco – logique avec un MACS de légumes ?
Jean Michel Moresmau
Amis de la terre et des Landes
ANNEXE 1 – PRÉPARATION – J M Moresmau
Nous sommes en « guerre » contre tout depuis très longtemps et il est temps de s’asseoir et de discuter.
D’abord guerre contre nous même : santé, tissu social, portée de notre vie. Nous faisons aussi la guerre à la Terre, utilisant toute sortes d’armes de destruction massives comme dit Idrisse Aberkane. Nous le savons, techniques d’extraction sophistiquées, hyper consommation linéaire, individualisme, monopoly planétaire et concentration des « avoirs » concourent à une déchéance environnementale, sociétale et .. économique de l’Humanité.
Ces assises sur l’agriculture concernent la terre que nous foulons ici à MACS, et la planète Terre, si petite soit notre action, elle portera des fruits. Colibris un jour, colibris toujours ! Le bilan socio-économique de MACS de 2015 pointe des opportunités « économiques » lié au fort solde migratoire (beaucoup d’anciens à la retraite et de jeunes en quête d’emploi...) et d’une forte érosion de la profession d’agriculteur (on mange quoi demain ?).
Quelles solutions s’offrent à nous, pour répondre à ces défis d’aujourd’hui ?
Selon Patrick Viveret, les bonnes solutions sont à évaluer d’un point de vue environnemental, social et en fin économique. Toute entreprise, telle que MACS, devrait créer de la « valeur » dans le sens « donner de la vie ! DES BIENFAITS ENVIRONNEMENTAUX ET SOCIAUX. Les taxes, l’économie même de MACS doit être pensée en ce sens. Depuis la COP 21, tous le monde sait que l’urgence coûte et coûtera de plus en plus cher ; tout le monde sait qu’un sou injectée dans l’économie verte sans attendre rapportera beaucoup et longtemps...
Du point de vue social, quelle galère pour devenir paysan ! Il faut rendre visible et respectable la profession (pub « devenez paysans, un métier essentiel pour l’avenir du pays ? » « reportage : voyez ce qu’ils font de mieux »), le monde paysan doit s’ouvrir (accueillir et former des « hors cadres »), la formation doit se centrer sur l’agroécologie.
Du point de vue environnemental enfin, les techniques agro-industrielles « modernes » ont relégué le paysan au rôle de réalisateur d’itinéraires techniques dépendant de triples « intrus ! » : graines, engrais, phytosanitaires. Séparé ainsi de leurs terroir, ils perdent la santé et tout le reste (connaissance, libre arbitre, indépendance financière, rentabilité, considération sociale). Heureusement Bayer à racheté Monsato, le prix des médicaments va baisser...
QUELQUES PISTES D’ACTIONS REVEES :
Replantons un paysage géré comme un écosystème :
- osons la permaculture maraîchère/fruitière économe en moyen et utilisant la force de rebond de la nature
- re-naturalisons la moindre parcelle avec arbre, arbuste, prairies
- associons les milieux naturels (gestion de l’eau), sylvicoles (agroforesterie), agricoles (plantez des glands ? des noisettes ?), urbains (jardin partagé, éducation populaire, …) Agissons au niveau social :
- installons des petits producteurs nourriciers, (MACS 60 000 clients = 600 maraîchers = 600 hectares sur la base de 1 ha = 1 maraîcher = 100 clients soit 50 paniers par semaine)
- développons les rapports en circuits courts (amap, ruche, club), démonétisés (SYTEMES D’ECHANGES LOCAUX), sincères (AOP, produits pays, …)
- fêtons les saisons et les produits locaux
Capitalisons dans une économie verte :
- construisons une économie agricole vivrière locale
- installons les métiers complémentaires : élevage, transformation, ...
- développons les services à l’agriculture, captons les intrants organiques (algues, sables, déchets verts, digestats)
CONCLUSION
RÊVONS ! Un nouveau défi ?
Osons apprendre de la nature. Citons maître : Masanobu Fukuoka
C’est dans un désert américain, que je réalisais soudain que la pluie ne tombe pas des cieux ; elle provient du sol. La formation des déserts n’est pas due à l’absence de pluie ; mais plutôt, la pluie cesse de tomber parce que la végétation a disparu. Construire un barrage en plein désert revient à essayer de traiter les symptômes de la maladie, mais ce n’est pas le bon moyen d’augmenter les précipitations. Il nous faut d’abord apprendre à régénérer les anciennes forêts.
Osons rêver concrètement « Seule notre imagination à des limites » principe de permaculture, citons Thomas Edison : Pour inventer, vous avez besoin d’une bonne imagination et d’une pile d’ordure.
Oser tracer un nouvel avenir MACS : CHAQUE PRODUIT A UNE HISTOIRE – miracle farm Qué
Landes 2 % à la traîne, Macs 4,5 % à la moyenne nationale (maraîchage au nord)
croissance très dynamique du bio (2016 pour les landes !) et MACS ?
INFO CHAMBRE AGRI : + 2000 ha en conversion BIO en 2016 dans les Landes. Que va t’on faire ?
TRANSITION : Rien ne sert de courir... et ... compte sur tes racines ! (image papaland.fr)