Montreuil, le 29 septembre 2011 - Alors que les agrocarburants s’avèrent être une véritable usine... à gaz - à effet de serre - le Gouvernement en propose une autre : un observatoire des agrocarburants. Pourtant, nombreuses sont les études qui ont déjà « observé » les agrocarburants. Ces rapports émanent d’organismes comme l’OCDE, la Banque Mondiale et même de scientifiques travaillant pour la Commission européenne [1]. Le verdict est sans appel : leurs conséquences sociales, financières, climatiques, humanitaires et écologiques, sont catastrophiques. Les agrocarburants de première, deuxième ou xième génération ne sont que des alibis industriels.
Si l’objectif de diminution des émissions de gaz à effet de serre était réellement pris au sérieux au niveau européen et national, ne serait-il pas plus efficace de fixer comme objectif à l’horizon 2020, une... diminution de 10 % des transports et de leurs émissions ?
On ne le fait pas, car les agrocarburants ont été lancés au niveau européen, par un groupe d’industriels, avec une forte représentation de l’automobile et du pétrole [2]. En France, le programme éthanol a été lancé, alors que les cours de la betterave et du maïs étaient au plus bas. L’agrodiesel (Diester) a été introduit en France, il y a une quinzaine d’années, pour permettre aux agriculteurs de cultiver sur les terres en jachère. D’un côté, il s’agit de ne surtout pas fixer des normes trop exigeantes aux constructeurs automobiles ou aux pétroliers, de l’autre, il s’agit de faire de gros cadeaux financiers à des filières agricoles.
Pour Christian Berdot, référent sur les agrocarburants aux Amis de la Terre France : « Les agrocarburants ont assez été « observés ». Aujourd’hui, il faut agir et procéder à l’arrêt immédiat de ces programmes néfastes. Le Gouvernement tente de gagner du temps, car les agrocarburants augmentent ses entrées fiscales [3] et en plus, offrent à d’influents lobbies agricoles, d’importants cadeaux financiers, payés par les citoyens à la pompe ».
On peut « observer » quotidiennement les conséquences : augmentation des cours des prix alimentaires mondiaux et de la famine, accaparement des terres agricoles, destructions d’écosystèmes et finalement, augmentation globale des émissions de gaz à effet de serre.
Toujours selon Christian Berdot : « L’agrodiesel absorbe plus de graines oléagineuses que ce que produit notre agriculture [4]. La France est déficitaire en huiles alimentaires et doit en importer massivement, essentiellement de l’huile de palme. En Indonésie, des millions d’hectares de forêts primaires sont détruits pour compenser notre production de Diester. En détruisant ses forêts, l’Indonésie est devenue le troisième pays émetteur de gaz à effet de serre au monde. »
L’éthanol de maïs donne moins d’énergie que ce qu’il faut pour le produire. D’autre part, la quantité d’eau nécessaire pour faire pousser le maïs destiné à la seule usine Abengoa à Lacq, représente la consommation annuelle d’un million de ménages ! [5]
Il conclut : « Combien de temps encore, nos gouvernants vont-ils favoriser les pratiques de quelques groupes industriels comme Sofiprotéol, Tereos et Abengoa, aux dépens des consommateurs français, ainsi qu’aux dépends des pauvres, des forêts et des climats de la planète ? »