Petit rappel : La démarche Natura 2000 s’inscrit pleinement dans la conservation de la biodiversité qu’elle protège à travers différents sites, en France comme en Europe.

Historique et fonctionnement de Natura 2000

Dans les années 70, de nombreuses espèces étaient menacées ou en voies d’extinction. Ce constat conduit ce que l’on appelait alors la « Communauté Economique Européenne » à établir des Directives, instruments juridiques permettant de protéger les oiseaux. C’est ainsi qu’en 1979, la Directive européenne « oiseaux » crée les Zones de protection Spéciales (ZPS) pour la protection et la gestion des populations d’espèces d’oiseaux sauvages, ce qui permettait d’assurer leur alimentation et leur reproduction.
Dans un second temps, en 1992, les Etats de l’Union européenne créent les Zones Spéciales de Conservation (ZSC) pour la protection et la gestion des habitats naturels et des espèces de flore et de faune à valeur patrimoniale. C’est l’objet de la Directive « habitats » qui permet de protéger des espèces dites d’intérêt communautaire de par leur rareté ou leur rôle écologique primordial.
Chaque Etat de l’UE doit dresser une liste des sites potentiels sur son territoire. Il fait ensuite des propositions à la Commission Européenne. Si celle-ci approuve, le site est inscrit comme site d’intérêt communautaire (SIC) pour l’UE et il est intégré au réseau Natura 2000. L’Etat doit ensuite établir un Document d’Objectifs ou DOCOB permettant, lorsqu’il est terminé, d’intégrer le site comme ZSC. Ce DOCOB est un plan de gestion très précis qui définit les orientations de gestion et précise les modalités de leur financement. C’est un état des lieux du site.
En France, les mesures relatives aux sites Natura 2000 ne sont pas contraignantes. Tout repose sur le volontariat et l’engagement des acteurs du territoire, élus, agriculteurs, industriels, propriétaires, usagers.
Un Comité de pilotage composé des collectivités et des services de l’Etat concernés, des structures socio-professionnelles et des associations du territoire suit la gestion des divers sites. L’association Les Amis de la Terre en fait partie. Le Comité met en œuvre le DOCOB et confie l’animation des sites à une structure animatrice. Dans les Landes, il s’agit de l’association Landes nature créée en 1999 à l’initiative de l’association des Maires des Landes, de la Fédération Départementale des Associations Agréées pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique des Landes, de la Fédération Départementale des Chasseurs des Landes, du Syndicat des Sylviculteurs du Sud-Ouest et de l’Union Landaise des associations autorisées de défense contre les incendies et de remise en valeur de la forêt.

Natura 2000 dans les Landes

Une trentaine de sites Natura 2000 est suivie dans les Landes. Ils concernent une grande partie des cours d’eau :

• l’Adour et les barthes de l’Adour depuis Tartas jusqu’à l’embouchure,
• le réseau hydrographique du Midou et du Ludon, des affluents de la Midouze.
• le Courant de Contis
• le Courant d’Huchet,
• les vallées de la Grande et de la Petite Leyre,
• le Gave d’Oloron
• les zones humides associées aux cours d’eau littoraux : arrière-dunes du Marensin, étangs de Moliets, la Prade et Moisan, étang de Léon, ancien étang de Lit-et-Mixe, zones humides associées au Marais d’Orx et Domaine d’Orx, la zone humide du Métro à Tarnos, la vallée du Ciron (4% dans les Landes, le reste en Gironde), la Gélise (20 % dans les Landes), les étangs d’Armagnac,. Mais aussi des zones humides non associées à des cours d’eau ou des paysages particuliers :
• le marais de Labastide-Villefranche
• la tourbière de Mées,
• les lagunes de Brocas,
• les coteaux du Tursan,
• les dunes modernes de la côte,
• le champ de tir de Captieux,
• site d’Arjuzanx. Jeudi 3 mars 2016, avait lieu la présentation du bilan annuel des actions réalisées par la structure animatrice « Landes nature » au Comité de Pilotage. Pour le site Natura 2000 réseau hydrographique du Midou et du Ludon, elle a été désignée comme structure animatrice avec l’ADASEA du Gers (le site étant commun aux deux départements). Exemples de gestion des habitats et des espèces : - Des contrats Natura 2000, volontaires ont pour objectif de mettre en place des actions d’entretien ou de restauration pour préserver les milieux naturels et les espèces d’intérêt communautaires décrits dans le DOCOB. - action de restauration de la tourbière de Meilhan, située sur le ruisseau du Bourg de Marsacq où les espèces patrimoniales ont été identifiées par le Conservatoire Botanique National Sud-Atlantique. Les élèves du lycée agricole de Sabres y participent ainsi que l’association l’Arbre à Pain. - Contrats agricoles sur la restauration et l’entretien de milieux ouverts et la reconversion de parcelles de grande culture en prairie. - des Contrats forestiers pour envisager la régénération naturelle de repousses de Chênes Tauzin, - poursuite du Contrat de restauration et entretien de milieux ouverts à Uchacq-et-Parentis par pâturage de brebis landaises. - et poursuite du Contrat de restauration et entretien du Marais de Los à Saint-Yaguen.

Le marais de Los à Saint-Yaguen

voir le site http://www.fedechasseurslandes.com/IMG/pdf/la_haute_lande.pdf
Le marais du Los est situé au sud-ouest de Saint-Yaguen, dans un ancien méandre du Bez. Au 19^e siècle, le milieu rural était plus densément peuplé qu’aujourd’hui, le site était exploité en prairies et une partie était boisée pour l’utilisation en bois de chauffage. Les parcelles étaient bordées de nombreux fossés de drainage.
Au cours du 20^e siècle, les transformations du milieu rural entraînent l’abandon de l’usage des prairies et de l’activité humaine. Le marais était menacé de disparition et d’envahissement par les pins lorsque la Fédération départementale des Chasseurs des Landes décide d’en acheter les terres et de rouvrir le marais. Un contrat signé pour quatre ans entre 2009 et 2013 permet de réhabiliter 1, 80 ha de prairies dégradées et d’entretenir 7, 40 ha par pâturage de brebis landaises. Le marais est donc rouvert sur 5,5 ha puis 9 ha sont mis en pâturage. Un troupeau de vaches marines est installé sur les parcelles par convention avec le Conservatoire des races d’Aquitaine, un seuil permet de réguler les niveaux d’eau.
Des études détaillées ont été menées par diverses structures, dont le CPIE du Seignanx. Elles ont abouti à inventorier 26 espèces de passereaux nicheurs dont 19 d’intérêt patrimonial, 16 espèces de libellules dont 1 d’intérêt patrimonial (l’Agrion de mercure), vison d’Europe, loutre, cistude et pour la flore 87 espèces végétales dont 5 en régression à l’échelle régionale et locale et une inscrite sur le plan national (Drosera Rotundifolia).
La flore est composée de boisements marécageux de saules et d’aulnes glutineux, buttes à sphaignes de bas-marais et gazons amphibies, de landes à molinie bleue, de lande paratourbeuse à bruyère à quatre angles, de lande mésophile à avoine de Thore. Le piment royal se développe de façon abondante et menace les gazons, les habitats tourbeux et de bas-marais, d’où des mesures de limitation par broyage
La gestion vise à étendre la végétation de bas-marais, de limiter la dynamique de fermeture du milieu et d’augmenter les capacités d’accueil du site vis-à-vis des espèces amphibies et hygrophiles. Il s’agit de relever la nappe par la pose de seuils ou de barrage, associée à un girobroyage avec exportation de la végétation et d’ intervention sur le niveau du substrat par décapage plus ou moins profond afin de retrouver la nappe en profondeur.
Une zone boisée périphérique en pin maritime est conservée, mais son extension est stoppée.
Un nouveau Contrat de 5 ans Natura 2000 est actuellement en cours afin de poursuivre la restauration du marais.