Contribution de Francis Distinguin,
ancien Directeur Technique National de la FFS.
Posté le 12/12/2014 par nouTous
SURFEURS
Surfeurs nomades
Le surf est une discipline qui attire de plus en plus de pratiquants dans la plupart des pays du monde qui disposent d’une zone littorale. Cet attrait favorise le développement d’un tourisme plutôt jeune qui s’accompagne d’un développement économique et social cosmopolite extrêmement dynamique. Les côtes de Californie, Hawaii, Australie, Brésil, France, Espagne, Portugal, Maroc, Costa Rica, Indonésie, Papouasie Nouvelle-Guinée,… bénéficient aujourd’hui pleinement de cet essor. Mais cet attrait ne pourra être pérenne que si ces lieux sont capables de préserver un développement durable en harmonie avec l’environnement. Ainsi les surfeurs, longtemps définis comme « en marge de la société » démontrent aujourd’hui leur capacité à se mobiliser avec efficacité pour préserver leur environnement (qualité des eaux, protection d’un lieu de pratique, aménagement du front de mer et des accès,…) et la qualité de la vie. Les exemples sont nombreux comme en témoigne Donna Frye surfeuse née en 1952, vice-présidente de la région de San Diego en Californie du Sud : « Le surf n’est pas seulement une pratique sportive, mais également et surtout un mode de vie dont nous sommes tous imprégnés et qui participe du succès économique de cet état de Californie qui constitue la 8e puissance économique mondiale. Les surfeurs sont ici le symbole des valeurs auxquelles nous sommes attachés (initiative personnelle et créativité, sensibilité à l’environnement et à la qualité de la vie, valorisation de la prise de risque…). Ces qualités individuelles créent les conditions indispensables à cette dynamique collective, cet enthousiasme qui fait le succès de la Californie. »
L’essor du surf ne relève pas du hasard, cette tendance correspond à une forte demande sociétale où chacun tente d’affirmer un mode de vie en cohérence avec ses valeurs. On sent bien là se dessiner de nouveaux modèles d’intégration des individus dans la société en relation avec leur environnement. L’attrait pour le surf ne peut pas s’envisager comme un simple phénomène de mode et de consommation traditionnel de loisirs. Le surf ne doit pas se réduire à ses techniques, ni à une pratique sportive car sa nature se fonde sur une écoute et un dialogue avec l’environnement.
La pratique du surf implique une autre relation au temps et à l’espace, car les conditions environnementales imposent les conditions de la pratique. Par nature donc, le surfeur est un nomade qui se déplace en fonction des vagues et de son temps disponible.
Surfer consiste à intégrer le chaos et trouver l’équilibre
Le surf propose une autre relation au temps puisque le surf se pratique lorsque les conditions sont favorables, ainsi qu’une nouvelle relation à l’espace puisque les pratiquants se déplacent de spot en spot pour trouver les meilleurs vagues. Surfer engage une démarche où il s’agit de reprendre la main sur le temps et l’espace permettant une réappropriation de soi.