La presse, les institutionnels, nous abreuvent de louanges sur les agrocarburants espoirs de l’agriculture, espoirs des automobilistes. Les biocarburants sont proposés comme une voie intéressante de diversification et de développement de l’agriculture.
Comme toujours, on s’enflamme, et c’est normal avec les carburants.
Il est intéressant lorsque l’on veut aborder un problème de s’intéresser aux ordres de grandeurs. Voici quelques ordres de grandeurs autour du bioéthanol. Le Bioéthanol étant l’éthanol classique hissé au rang de bienfait. Bienfait pour une minorité, bien fait ou tant pis pour les autres...
Les chiffres que nous donnons ici sont vérifiables.
La consommation de carburants en France est caractérisée par 19% d’essences, pour 81% de gasoil. C’est un anachronisme mondial. Nous devons exporter 32% de notre essence et importer 27% de notre gasoil. C’est lié à l’écart entre la composition du pétrole brut, et la spécificité de notre consommation.
Ces 19% d’essences comportent 6% d’éthanol en moyenne (entre 5 et 10% suivant le type).
Près de 46% de l’éthanol Français produit est utilisé dans les carburants de ce pays.
De ces données, nous trouvons par un calcul simple que l’éthanol ne représente que 2% % au mieux des carburants consommés..
L’éthanol est donc anecdotique dans le monde des carburants.
Avec 1 million de tonnes de Maïs produits bon an mal an, les Landes sont le premier département maïssicole français.
Abengoa (Lacq) est la seule usine en France à produire de l’éthanol à partir de Maïs. La part de marché d’Abengoa représente 16% de l’éthanol français produit. Pour cela Abengoa utilise 500 000 t de Maïs par an soit la moitié de la production de maïs landaise, du premier département producteur de France. Avec cette dernière donnée nous passons de l’anecdotique au colossal. Car cette part de la production est significative au niveau national, elle est enlevée à d’autres utilisations, ou, dans une autre perspective, bloque des terres (environ 60 000 ha sur les 100 000 ha landaises consacrées au maïs ou des 350 000 ha d’Aquitaine). L’Aquitaine étant la première région productrice de maïs en France.
Si nous allons un peu plus loin, sachant qu’environ 46% de l’éthanol produit est utilisé dans les carburants, nous pouvons émettre les propositions suivantes :
230 000 t de maïs produits en Aquitaine par an soit près de 23% de la production landaise sont utilisées pour produire 0,2% du carburant français.
Le tout avec une consommation d’eau pour l’irrigation de 54 millions de m3 d’eau soit la consommation en eau de la communauté des Communes de Bordeaux.
500 000 t, soit l’équivalent de la moitié du maïs landais est utilisée pour produire 16% de l’éthanol Français, et près de 200 000 t de CO2 supplémentaires. Avec une consommation d’eau rien que pour l’irrigation de ce maïs de 150 millions de m3. N’oublions pas qu’une partie de cette eau a la fâcheuse habitude de retourner dans la nappe phréatique, chargée en pesticides, nitrates et autres joyeusetés de l’agrochimie industrielle.
Autrement dit voici comment on détourne des ressources indispensables (nourriture animale et humaine), pour pas grand chose, déséquilibrant les marchés, affamant des populations (cas du Mexique avec la production d’éthanol subventionnée aux USA), et au passage en détériorant des biens communs indispensables à la vie.
Tout ceci soutient le cours du maïs, l’agriculteur est content, le politique est heureux, le consommateur automobiliste aussi... Quoique, pour ce dernier, le bonheur peut n’être qu’un feu de paille.
Le bilan carbone et le bilan énergétique sont loin d’avoir démontré leur intérêt. Il est négatif selon les chercheurs. Mais après nous le déluge, comme dit la chanson Niquons la planète (humour couleur pétrole brut)...
Nous avons déjà évoqué la chose à de multiples reprises, vous trouverez ici le texte explicatif et le courrier envoyé à Monsieur Emmanuelli. Courrier toujours resté sans réponse. Ne pas répondre est ce aussi de la transparence ? Pourtant ce courrier contenait déjà de nombreux indicateurs intéressants.