L’énergie nucléaire c’est pas cher, mais c’était avant.
Voici un nouveau rapport de la Cour des Compte. Il vient confirmer ce que nous disons depuis longtemps. L’énergie bon marché et abondante, c ’est fini. Dans le cas du nucléaire, nous avons encore un petit peu de stock, mais le problème est ailleurs.
Dans son rapport de 2014 concernant le coût de production de l’énergie nucléaire en France, la Cour des Comptes est plutôt très critique. N’oublions pas que nous sommes entre gens de bonne compagnie, issus des mêmes écoles. La retenue est de mise. Les nuances ont un sens.
"Entre 2010 et 2013 le coût de production de l’électricité nucléaire connaît une forte progression ; il passe de 49,6 €/MWh à 59,8 €/MWh en € courants, soit une augmentation de 21 % (+ 16 % en € constants3).".
Le coût de la base load est en moyenne annuelle de 52 €/MWh (0,052 €/KWh). C’est le prix de vente de gros moyen annuel en France.
La cour liste un ensemble de coûts supplémentaires prévisibles qui concernent la mise à niveau de nos centrales vieillissantes. Cela comprend l’entretien d’usage, le remplacement d’équipements plus ou moins lourds obsolètes, les coûts du relèvement de la sécurité suite à Fukushima, que d’aucuns jugent encore "accident peu important". La Cour s’interroge même sur l’intérêt économique de ces modifications sur quelques centrales.
La Cour, liste ensuite un ensemble de coûts supplémentaires que l’on ne sait toujours pas évaluer. Dans le lot nous trouvons bien entendu le démantèlement des vieilles centrales de plus de 40 ans, le traitement et le stockage des déchets très dangereux, et celui du traitement et du stockage des autres déchets plus ou moins dangereux.
La cour rappelle à ce sujet qu’elle a demandé à EDF de changer de modèle pour évaluer le démantèlement, et regrette le peu d’empressement d’EDF de mettre en œuvre cette modélisation qui donnerait des coûts prévisionnels notablement plus élevés.
Enfin une partie est consacrée à l’EPR, et ses coûts. Les données sont étonnantes, puisque le coût de production annoncé est supérieur au tarif T5 de rachat de l’énergie solaire T5 bonifié = 79 €/MWh en Juin 2014 (voir article fermes...). La Cour des Compte relève l’erreur des nucléaristes, qui prévoyaient un coût de production inférieur au coût des centrales nucléaires actuelles, alors qu’il sera notablement supérieur, et ceci malgré de fortes aides.
"il n’est pas possible aujourd’hui pour la Cour d’en tirer des conclusions précises sur ses coûts de production ni sur ceux des EPR en général. Toutefois, au regard de
l’importance des coûts de construction par rapport à ceux des réacteurs de la 2e génération, et même si les EPR sont censés avoir des coûts de fonctionnement moindres, il est probable que leurs coûts de production seront sensiblement supérieurs à ceux du parc actuel."
"Depuis la publication du rapport de 2012, EDF a révisé, le 3 décembre 2012, le coût du projet de l’EPR168 de Flamanville à 8,5 Md€2012, avec un objectif de première production en 2016. Le calendrier n’a pas changé depuis les annonces qui avaient été faites en juillet 2011, mais le coût révisé a augmenté (6 Md€ en 2011). On rappelle qu’en décembre 2008, le coût était estimé à 4 Md€ pour une construction en 54 mois et que la décision d’origine a été prise en mai 2006 sur la base d’un coût de construction évalué à 3,3 Md€2005."
"Compte tenu de ces éléments, le prix de vente de l’électricité des EPR d’Hinkley Point, sur une période de 35 ans, est de 92,5 £/MWh (114 €2012/MWh), de façon à atteindre un taux de rentabilité d’environ 10 %. Ce prix prend pour hypothèse une disponibilité de 91 %."
Pour Flamanville EDF laisse entendre un coût très voisin. Les coût des EPR suivant (pourvu que l’on ne les construises pas !), tourneraient autour de 110 €/MWh.
Le nucléaire n’est plus ce qu’il a faussement été. Il apparait maintenant comme un handicap potentiellement lourd. En France, on a pas de pétrole, mais on a des technocrates dépendants d’une oligarchie.