Par ces journées pluvieuses, un nouveau nuage noir vient se rajouter dans le ciel particulièrement chargé du GPSO. L’AE (Autorité Environnementale), émanation du CGEDD (Conseil Général de l’environnement et du Développement Durable), vient de rendre son avis sur le document qui sera remis par RFF à l’enquête publique du GPSO. L’AE ne se positionne pas sur le bien fondé du projet. "Cet avis ne porte pas sur l’opportunité du projet mais sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage, et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Il n’est donc ni favorable, ni défavorable au projet. Il vise à permettre d’améliorer la conception du projet, et la participation du public à l’élaboration des décisions qui portent sur ce projet."
A la lecture du rapport, nous pouvons imaginer ce qu’aurait été cet avis, s’il avait porté sur le projet. Je vous laisse découvrir la somme d’arguments qui nous sont offerts sur un plateau, et que nous pourrons faire valoir, si nos vieux grands feudataires maintiennent leurs rêves d’une époque révolue.
Globalement, tous les arguments que nous avons avancés sont validés : le financement, dont la seule référence est le protocole de 2008 relatif au SEA et GPSO, le manque d’étude digne de ce nom sur les solutions alternatives, le manque de sérieux des études d’impacts. L’irréalisme des projets de SRGV, avec des présentations brouillonnes, et contradictoires. On y apprend au passage que la région devrait acheter des rames de TGV... Des gares nouvelles au milieu de rien, loin de toute population suffisante, et trop proches les unes des autres...
"L’Ae recommande une relecture attentive de l’ensemble du dossier notamment pour garantir la lisibilité et la cohérence des informations et des rédactions entre les différents volumes du dossier." Pour l’AE le dossier qui est soumis est particulièrement indigeste, illisible, incompréhensible, il comporte plus de 10 000 pages A3, soit 20 000 pages classiques..."Sur la forme, le volume du dossier (environ 10 000 pages en format A3) et sa présentation générale rendent l’approche globale ou la recherche de renseignements particuliers très complexes : le guide de lecture (de 127 pages à lui seul) et les sommaires de chacun des 31 fascicules, pas toujours cohérents avec ce guide, ne facilitent pas sa consultation..."
Et de dérouler l’ambiguïté des gains de temps, les approximations sur le report modal, l’apparente ignorance des travaux universitaires sur le développement lié à l’arrivée d’une LGV préférant l’affirmation gratuite et l’à priori. L’AE relève la variabilité du coût global en fonction de la page ou du chapitre, l’évaluation de la rentabilité très suspecte, et particulièrement opaque...
De même l’incohérence globale du dossier GPSO est montrée :"En outre, l’Ae recommande, pour la bonne information du public et des autorités chargées de se prononcer sur la DUP à prendre, d’expliquer les raisons qui ont conduit à présenter dans le même dossier de DUP relatif aux lignes nouvelles deux parties du programme correspondant à des problématiques et à des échéances différentes, à savoir l’ensemble de la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse d’une part et une partie de la ligne Bordeaux Espagne (du sud de la Gironde à Dax) d’autre part, alors que cette partie ne trouvera sa pleine justification qu’avec le prolongement de Dax à l’Espagne, en fonction de l’évolution des trafics de fret ferroviaire transpyrénéen." Comme si nous n’avions pas deviné que derrière cet imbroglio, il n’y avait que la recherche désespérée de l’implication des collectivités locales dans le financement. Avec le risque que les derniers ne seront jamais servis, et se contentent de promesses. Bordeaux Toulouse vers 2025 : le comte de Toulouse sera très vieux, Bordeaux Dax 2030 : le Duc et son féal des Landes seront très vieux. Dax Espagne autour de 2040, nous serons tous très très vieux, et encore les dates de mise en service sont en fonction de la page du dossier :
"les dates prises en compte pour la mise en service, qui font l’objet d’indications non stabilisées dans le reste du dossier (cf. §1.2 ci-dessus), et dont l’effet sur les calculs de rentabilité peut être important, n’apparaissent pas cohérentes (cf. pièce H, p 198) : l’hypothèse présentée comme prise en compte dans le calcul est celle d’une mise en service de tout le programme GPSO en 2025, alors que le reste du dossier cite une mise en service de Bordeaux Toulouse en 2025, Sud-Gironde Dax en 2030 et Dax Espagne en 2040, ou respectivement 2024, 2027 et 2032, selon les références ; ..."
Nous passerons sur le chapitre protection des milieux naturels qui est la raison même de l’Enquête d’utilité publique. RFF dit avoir travailler très sérieusement, et l’AE qui ne manque pas d’épines à son humour signale : "Il reste néanmoins surprenant qu’une espèce comme le hérisson commun n’ait pas été identifié sur le tracé en Aquitaine." Comme pour les oublis de RFF sur les remblais et matériaux et leur stockage. RFF s’était déjà fait remarqué par ses stockages oubliés sur le SEA.
En conclusion l’AE, nous conforte dans nos position, et nous offre beaucoup de pistes pour combattre encore mieux ce GPI2. Un dossier de plus contre le GPSO, et les rêves de quelques grands visionnaires du passé. La crise arrive, elle est là, mais ils ne la voient pas, la transition vers une nouvelle société est à l’ordre du jour pas les vieux projets dépassés.