Depuis quelques années, un nouveau concept est apparu qui doit révolutionner l’agriculture : il s’agit de « l’agriculture écologiquement intensive » .
Le problème majeur, c’est que ce concept semble bien être un concept fourre-tout dans lequel on peut retrouver des pratiques de l’agro-écologie jusqu’aux OGM.
Dans une étude intitulée « L’intensification écologique de l’agriculture : voies et défis », Sylvie Bonny, chercheuse à l’INRA écrit :
« Cependant derrière l’apparent consensus, il n’y a guère d’accord sur les orientations à donner à l’agriculture, les objectifs à viser et les innovations à favoriser.
– Pour les uns, pour nourrir près de 9 milliards d’hommes dans quelques décennies, il faut d’abord accroître fortement la production agricole. Pour d’autres, il faut surtout viser une meilleure redistribution des richesses et un changement des modèles de consommation (avec notamment une alimentation moins carnée dans les pays riches).
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– Pour certains, il faut surtout rechercher l’accroissement des rendements pour nourrir la population mondiale, et pour ce faire, une agriculture utilisatrice d’innovations scientifiques et techniques comme par exemple les cultures transgéniques tandis que d’autres vont mettre en avant une éco-agriculture la plus autonome possible ou l’agriculture biologique.
– Pour les uns, les solutions viendront notamment d’innovations scientifiques et techniques. Pour d’autres, celles-ci sont souvent perçues comme suspectes car développées par des firmes privées (ou en partenariat avec elles) qui cherchent d’abord à accroître leurs bénéfices. Ils leur préfèrent des innovations sociales, issues de la participation et de l’engagement de citoyens et agriculteurs de base, leur paraissant mieux viser l’intérêt général.
– Pour certains, un obstacle majeur à la durabilité de l’agriculture provient des firmes de l’agrofourniture qui incitent souvent à un certain niveau d’emploi de pesticides, engrais, nouvelles variétés, etc., et les critiques envers ces firmes sont virulentes. (…) »
Les grands enjeux qui attendent l’agriculture sont résumés dans ces quelques lignes.
Localement, Maïsadour organisait en 2010 une journée de réflexion sur ce thème et concluait par : « Pour autant, toute évolution, toute nouveauté doit être financée. L’amélioration de la productivité doit continuer à servir la progression des revenus, d’une part et, d’autre part, financer les nouvelles techniques. L’Agriculture Ecologiquement Intensive pourrait bien être une nouvelle opportunité pour l’agriculture de remplir sa mission alimentaire, mais aussi dans la recherche d’une alternative pertinente à l’économie « fossile », grâce aux bioénergies et bio-matériaux. Et ce, en parfaite harmonie avec la société... »
On retrouve « financements », « productivité », « nouvelles techniques » (technologies ?), « bioénergie », « bio matériaux ». On reste sur sa faim …
Le monde anglo-saxon lui parle de « sustainable intensification of agriculture » , d’intensification durable de l’agriculture, concept jumeau de notre agriculture écologiquement intensive.
Nos collègues de la Fédération internationale des Amis de la Terre ont voulu voir sur le terrain, ce que cette intensification durable donnait sur le terrain. Comme l’intensification durable est un fourre-tout, au même titre que l’agriculture écologiquement intensive, les multinationales de l’agrobusiness investissent ce nouveau concept. Elles nous parlent déjà de « révolution doublement verte » : verte comme le greenwashing ET verte comme les dollars…
Voici le rapport des Amis de la Terre. A lire absolument pour savoir ce qui se prépare dans le monde de l’agriculture et pour l’agriculture dans le monde :