Un peu plus de monde que d’habitude dans ce genre de réunion, présidée par le maire de Benesse Maremne. En fait, il y avait un peu plus d’institutionnels, les représentants des chasseurs et de pêcheurs, plus deux maires : celui d’Orx, et de St Martin de Seignanx. Quelques associations environnementales locales. Nous étions la seule association environnementale généraliste représentée, avec la LPO...
Le DOCOB (DOCument d’OBjectifs) est en pièce jointe. Il se trouve sur le site des marais d’Orx, en compagnie d’autres documents très intéressants. Vous les trouverez à cette adresse :
http://www.reserve-naturelle-marais-orx.fr/fr/gestion.html
Après finalisation (corrections des erreurs, et introduction des remarques), le document sera validé par le préfet. Une charte aurait dû être incluse, elle ne sera terminée qu’à l’automne et introduite après validation par le Copil dont nous faisons partie. Ensuite, toujours cet automne, un ou deux animateurs seront désignés pour assurer le déploiement du DOCOB pour 3 ans. Il y a un appel à candidature. Il y a en fait deux structures superposées, l’une liée à la directive Oiseaux, l’autre à la directive Habitats. Le DOCOB prévoit les travaux, et leur financement pour 5 ans. Le financement est assuré conjointement par l’état et l’Europe. J’ai obtenu un délai jusqu’au 31 juillet pour envoyer nos remarques.
J’ai décidé que les amis de la Terre s’abstenaient sur le vote de ce projet. D’une part, je n’avais pas eu le temps d’étudier sérieusement ce texte, mais je suspectais d’autres choses. La séance a débuté sans que l’ordre du jour ait été indiqué. La présentation du document a, à moment donné, généré une question du maire d’Orx. Il a demandé si les données d’études d’un cabinet mandaté par le GPSO étaient intégrées dans le document. La réponse a été : ’nous reparlerons du GPSO après’. A la fin de l’exposé, le GPSO a encore été cité sur une autre question, et renvoyé à plus tard. J’ai donc décidé de m’abstenir lors du vote qui suivait l’exposé. A l’issu du vote, la discussion est partie un peu dans tous les sens, vers des questions ponctuelles et souvent de spécialistes, mais toujours intéressantes. J’ai bien nagé par moment. J’ai posé une question sur la capacité d’opposition des structures en fonction du niveau du projet impactant. La réponse semble être qu’un projet d’utilité nationale soit prioritaire. Certes, il y aurait suivant les cas un avis ou une autorisation de la Commission Européenne, mais quand on connaît sa composition, on ne peut que douter de sa neutralité, ou sa position sur la priorité à la protection.
Je regrette que dans ce genre de travail, la personne en charge soit trop souvent un stagiaire, ou un jeune sous contrat précaire fraîchement sorti de formation. Cela semble être le cas ici, le contrat de la personne se termine dans quelques jours. Des erreurs de dactylographie, des manques ont été relevés. Par exemple, le vison d’Europe est probablement présent sur le site. Mais la très jeune responsable de l’élaboration du DOCOB n’était pas au courant d’une campagne de piégeage réalisée par une institution ce printemps, et donc n’a pas eu accès à l’information. Son comportement montrerait même qu’elle ignorait l’existence de cette structure. Même remarque au sujet de la qualité des eaux dont les données sur une dizaine d’années n’ont pas été demandées suffisamment tôt à l’association de gestion des rivières. La responsabilité ne doit pas lui en être imputée. La hiérarchie de pilotage constitué d’un service de l’état laisse l’impression d’avoir supervisé le document de très loin, et son responsable sortait trop souvent les rames.
La réunion était au demeurant intéressante, mais on sentait le travail non pas bâclé mais mal fait. Je ne pense pas que ce soit entièrement la faute de l’auteur, elle a fait ce qu’elle a pu, mais elle manquait visiblement d’un pilotage sérieux et efficace, sur les possibilités, les intervenants disponibles, les contacts à prendre.
A la fin des débats, le cas GPSO n’était pas traité. Le président lève la séance. J’ai fait repousser la levée de séance, en rebondissant sur le dernier échange. Il avait été expliqué les procédures lourdes pour faire des travaux dans la réserve. Curage d’un fossé, ou l’installation d’un sentier de découverte : Les procédures ont été longuement expliquées. Les études d’impacts à faire etc... C’est assez impressionnant, nécessaire certes, mais très lourd. Je suis revenu sur le GPSO en demandant pourquoi un projet aussi dévastateur n’avait pas été évoqué dans le document (pas de tracé, pas de position), et si la réserve avait fait une étude d’impact même sommaire, ou un état des lieux précis avant travaux.
L’échange a été fort instructif, certains à l’énoncé des réponses ont rigolé... L’échange a duré un petit moment dans la courtoisie, mais la fermeté. Le responsable de la structure de l’état a forcé sur les rames, nous étions dans un marais, la boue était épaisse, nous avons même attaqué la roche lorsqu’il a expliqué ’qu’il faisait confiance à RFF pour étudier l’impact, qu’ils étaient en bonne relation avec RFF, que RFF ne manquerait pas de fournir tous les documents nécessaires’. J’ai rappelé que RFF ne projetait pas de réaliser que des documents, J’ai indiqué que par retour d’expérience on savait que RFF fournirait des documents plus ou moins fantaisistes. J’ai rappelé qu’une nouvelle enquête publique démarrait sur le tronçon Tours Bordeaux, car RFF avait oublié des choses... J’ai également demandé si la réserve prendrait une position sur le projet en terme d’impact, la roche était devenue vraiment très dure. J’ai conclu qu’il était intéressant d’entendre ce type de réponse de la part d’une structure défendant les zones sensibles. Ceci faisait écho à une autre information. Nous savons que l’essence même d’une zone de protection est de protéger la zone des agressions extérieurs. Toutefois lorsqu’une espèce non endémique invasive devient trop importante, alors le combat est arrêté, car la réserve n’a plus le droit d’utiliser ses fonds pour cette lutte. Pour la poursuivre, il faut aller chercher d’autres financements...
Je souhaiterais que nos spécialistes épluchent le document, et fassent un petit topo sur ce qu’ils y ont trouvé de dérangeant, sur les manques, les choses qu’ils auraient aimer y trouver. Bien que nous ayons été à court de représentants pour l’élaboration (si tant est que nous y ayons été conviés, voir Christian et Marie Jeanne).
J’aimerais qu’une partie de nos remarques contienne un chapitre de la forme suivante à modifier s’il y a lieu :
Les Amis de la Terre soutiennent et soutiendront les protections du type de celles qui sont installées sur la zone du Marais d’Orx. Les Amis de la Terre déplorent le scandaleux manque d’information concernant le GPSO sur le DOCOB. Le projet n’est même pas cité. Un chantier particulièrement destructeur de plus de 100 m de large est projeté. Il comporte des travaux de renforcement des sous sols, de drainage, de déblais par tranchées, de remblais, il va traverser les ZSC, et la ZNIEFF sur toute la partie Ouest des zones protégées. Aucune évaluation, aucune pré-étude, aucun tracé ne figure dans ce document. Plus grave, aucun état des lieux avant travaux n’est donné. Or le tracé est maintenant connu depuis plus de 6 mois. Nous ne demandons pas que la réserve se prononce sur l’utilité même du projet, ce n’est pas son rôle. Mais le moindre attachement aux valeurs affirmées sur la protection aurait dû impulser un minimum d’action. Quand on connaît la rigueur déployée pour contrôler le moindre curage de fossé, ou la moindre création de sentier pédestre, on ne peut que rester dubitatif sur la volonté réelle de protection.
Remarques adressées par les Amis de la Terre concernant le DOCOB