Qu’est il arrivé à notre président de région ?
Peut être agacé par le nombre croissant de déserteurs à la cause des LGV et du GPSO, il nous a gratifié d’une tournée de presse intéressante.
Hélas, peut être par énervement, d’autres mauvaises langues parleraient de méconnaissance chronique du dossier, il s’est un peu emmêlé les pieds dans ses arguments.
Tout d’abord, il nous assène ses poncifs classiques, usés jusqu’à la corde. Nous étions habitués. Mais voici qu’en trois jours il fait passer la facture du GPSO de 5 à 12 milliards d’€. D’ici quelques jours il approchera peut être de la réalité qui se situerait autour de 18 milliards d’€, si l’on en croit certaines informations de RFF. Le péquin moyen dont je fais partie ne visualise pas facilement à quoi correspondent ces sommes. Pour avoir une idée, le budget annuel global du Conseil Régional d’Aquitaine c’est environ 1,4 milliards d’€. Rappelons que selon les dernières informations pour un € apporté par l’état, un € devra être apporté par les collectivités locales. Seules les collectivités locales de Midi Pyrénées, et d’Aquitaine contribueront.
Donc, nous voici avec un projet qui passe de 3 ou 4 budget annuel du CR à presque 9 en trois jours. Alors qu’il en ferait presque 13 fois plus. Pour un président de région une telle fluctuation sur trois jour est étonnante.
Que pèsera dans la balance un hypothétique milliard Européen ? face au 20 milliards d’€ (si l’on ajoute le barreau de Pau). Comment pourra t il apporter avec son camarade de Toulouse les 4 ou 5 milliards nécessaires par région avec son 1,4 milliards de budget annuel ?
La rentabilité du GPSO serait vraisemblablement du même ordre de grandeur que celle d’une autre réussite de Monsieur Rousset : l’autoroute A65 Langon Pau, dont le déficit 2011 est égal au chiffre d’affaire (soit 35 millions d’€). Même le TGV Est modèle de remplissage est déficitaire malgré ses 16 A/R Paris Strasbourg remplis à plus de 90%. Alors que les 12 A/R prévus au mieux sur Bordeaux Hendaye seront loin d’avoir ces taux de remplissage si l’on en croit RFF. Ce déficit probable est confirmé par toutes les données. Les lignes les plus intéressantes sont construites depuis longtemps (rapports du député Mariton, et nombreuses études universitaires).
Glissons hardiment sur la croissance des échanges avec la péninsule ibérique dont la chute est constante, et inéluctable depuis 2006, donc avant la crise. Mais depuis Bordeaux la frontière est si loin...
Arrêtons nous à la Frontière. Monsieur Rousset, nous indique que " l’Y basque (Bilbao-Vitoria-Irun) sera achevé dès 2017 ". En 2006, il nous l’annonçait pour 2013. Mais Monsieur Rousset ne semble pas savoir que les trois principales villes du pays basque qui définissent l’Y basques sont par ordre d’importance : Bilbao Vitoria et St Sébastien. Irun n’est qu’une ville à la frontière. Une prolongation vers Biriatou depuis St Sébastien d’une trentaine de km devait faire la liaison avec l’Y Basque. Mais que sont 25 km, vue depuis le palais du Duc d’Aquitaine. Par souci d’économie, la liaison avec la France n’ayant jamais été leur priorité, les Basques du sud ont décidé de relier l’Y Basque entre St Sébastien et La France par la voie actuelle dotée d’un troisième rail. Le débouché serait ainsi sur l’ancienne ligne à Irun/Hendaye, et non plus en face de Biriatou. Ce détail infime depuis Bordeaux, a une signification importante. La connexion étant à Hendaye, le tronçon Dax Frontière n’a plus raison d’être. Nous en revenons à l’ancien projet de 1992 déjà recalé. Quel devient l’intérêt du tronçon Bordeaux Dax, et par là du tronçon commun Bordeaux Captieux ?
Nous ne nous attarderons pas sur le trajet Paris Toulouse en 2 heures, digne d’une coquille de journaliste... Pas davantage sur l’impact décisif de la LGV sur le report du fret sur le ferroviaire. Il ne s’est jamais produit, les faits décrits par toutes les études sur le sujet sont têtus. Monsieur Rousset ne faisant pas plus de miracles que d’autres, et le fret diminuant, même sur route, l’explosion du fret, et l’autoroute ferroviaire ne sont pas pour demain.
Il est temps que certains se reposent un peu. Cela leur permettrait dégager du temps pour mieux connaitre leurs dossiers.
Gouverner c’est prévoir, ce n’est pas fantasmer ou rêver. Le rêve, la croyance, et l’obscurantisme, doivent céder le pas à la réalité des faits.
Si Monsieur Rousset continue sur cette voie, certains esprits malfaisants pourraient penser que dans son dernier livre, Zoé Shepard se serait inspirée de lui pour certains caractères de son maire.