La vieille politique comporte un certain nombre d’idées reçues, de pratiques qui confinent à la croyance. Certains attribuent la persistance de ces errements à l’âge avancé des décideurs, leur formation intellectuelle remontant à la période des trente glorieuses du siècle précédent. D’autres y voient un surmenage lié au cumul des mandats, et au manque de temps pour tout gérer correctement. Une autre cause invoquée serait la durée du maintien au pouvoir qui couperait les décideurs de la réalité du terrain.
L’autoroute A65 Langon Pau en est l’exemple parfait de ces errements. Ses ardents défenseurs soutenaient contre vents et marées plusieurs axiomes :
- L’infrastructure de transport crée le besoin de déplacement.
- L’infrastructure de transport crée la sécurité.
- L’infrastructure de transport crée le développement.
Les opposants n’ont pu se faire entendre, la croyance dans la vieille politique a été la plus forte, conformément aux pratiques religieuses, les libres penseurs ont été traité d’abrutis, d’imbéciles...
Pourtant, nous basions notre argumentation sur la réalité, le retour d’expérience, l’université. Hélas, science et croyances n’ont jamais fait bon ménage.
Vous trouverez en pièce jointe les résultats d’un comptage effectué il y a quelques mois par la SEPANSO et LEA. Un an et demi après l’ouverture, les estimations sont conformes à nos avertissements. Le trafic sur l’autoroute ne représente qu’un quart de ses capacités, et est loin loin du seuil de rentabilité. Les deux tiers des camions et des voitures sur l’axe empruntent toujours la route nationale, un tiers seulement l’A65. Or les camions devaient se ruer sur l’autoroute... Cette autoroute est vide : à peine plus de 5000 véhicules par jour sur les presque 15 000 disponibles.
De plus en plus de riverains élus locaux expliquent que le rendez vous de la croissance attendu n’est pas là. L’infrastructure n’a pas rempli ses autres objectifs : l’augmentation du trafic, l’irrigation des zones traversées, le développement des Zones connectées. Reste la baisse de l’accidentologie, qui de toutes les manières ne sera pas extraordinaire. La route parallèle étant déjà dans la moyenne nationale. La sécurisation de l’axe aurait permis à peu près les mêmes gains pour beaucoup moins cher.
Voici maintenant les résultats d’exploitation pour l’année 2011 de la société A’LIENOR le concessionnaire constructeur. Ils sont disponibles sur un site du journal les Echos. Nous vous en donnons la version synthèse et la version complète pour les amateurs de comptabilité.
Conformément à nos prévisions, l’autoroute est en déficit, ses pertes sont même équivalentes à son chiffre d’affaires, excusez du peu : A nos impôts ! ... Bien entendu, ses retombées économiques sont aux abonnés absents. L’A65 démontre une fois de plus que l’infrastructure ne fait pas le développement. A quand sa mise en faillite ? Elle rejoindrait les 6 autoroutes espagnoles déjà dans cette configuration. Voir la vidéo de l’AFP sur You tube ou l’article ci-dessous :
Par nos impôts, nous allons devoir rembourser le constructeur de cette infrastructure autoroutière, qui n’est qu’un GPI2 de plus. C’est le principe classique ultralibéral de la privatisation des bénéfices et de la socialisation des pertes.
Ce sont les mêmes décideurs qui nous tiennent le même discours sur le GPSO et les LGV. Il serait temps qu’ils changent leurs pratiques, nous ne leur en serions que très reconnaissants. L’erreur est humaine, la persistance dans l’erreur est une faute politique grave.