Devant le SILENCE ASSOURDISSANT DES ELUS, RESPONSABLES POLITIQUES, SYNDICATS AGRICOLES LANDAIS sur la question des épandages de pesticides prévus dans notre département, le 5 août, le collectif contre les épandages de produits phytosanitaires dans les Landes les a interpellés afin de connaître enfin leur position officielle sur la question.
Cette lettre, publiée dans un autre article de la même rubrique, a concerné :
- les trois députés et les deux sénateurs,
- les 33 conseillers généraux,
- les trois conseillers régionaux des Landes
- les responsables des partis politiques : PS et Jeunes Socialistes, Front de Gauche, PC, UMP, MoDEM, EELV, Alliance écologique indépendante.
- les principaux syndicats agricoles des Landes : FDSEA et JA 40, FDJA-MODEF et FJA-MODEF.
- tous les maires et conseillers municipaux du département.
Nous avons envoyé les courriers, le suspense était insoutenable.
Nous avons donc attendu et qui a répondu ?
- EELV qui, depuis le début, a soutenu notre action, a organisé une conférence de presse régionale, adressé trois lettres au préfet (restées sans réponse) et diffusé notre pétition largement.
- l’Alliance écologique indépendante qui a répondu qu’elle s’opposait aux épandages mais n’a officiellement entamé aucune démarche (lettre au préfet par exemple).
- Le PCF par l’intermédiaire d’Alain Baché qui est également au Front de Gauche, conseiller régional et a sans doute répondu à ce titre. Il est opposé à ces méthodes d’un autre temps. Plus flou sur le Front de Gauche, on n’a pas compris si ce parti répondait aussi par sa voix ...
- Le MODEF qui est opposé à ces épandages car il existe des méthodes "terrestres" (type enjambeurs) moins nocives. Mais il sait que les exploitants ont des cahiers des charges contraignants les obligeant à des traitements draconiens.
Les maires ont réagi localement, en prenant un arrêté interdisant les épandages aériens (Lesperon, Moliets, Sore) ou par des démarches individuelles auprès du préfet, sans aucun résultat.
On ne peut qu’en déduire que les principaux partis politiques, notamment le PS qui domine dans les Landes, l’UMP, le MoDem, et tous les représentants élus sont donc pour ces épandages puisqu’ils n’ont pas répondu. A moins qu’ils ne reçoivent des ordres : une seule voix, un seul peuple ?
Il est clair que ce qui domine le département, c’est l’intérêt économique bien avant la santé de la population.
Car la population landaise est globalement opposée aux épandages et nombre de personnes rencontrées sur le marché lors des actions du collectif, ont été étonnées et très choquées que ce genre de pratique existe encore. Encore une fois, la collusion entre nombre d’élus et les décideurs économiques est évidente. Ne nous faisons pas d’illusions, ce n’est pas uniquement local, les ordres viennent aussi d’en haut, du sommet de l’Etat.
Ce sont les donneurs d’ordre qui sont les responsables de cet état de fait, les grandes coopératives qui, de coopérative, n’ont plus que le nom car elles sont au service d’un système ruineux qui dévaste l’environnement et pille ses ressources sans considération pour la population.
Les agriculteurs d’aujourd’hui, peu nombreux par rapport à il y a seulement vingt ans, sont redevenus ce qu’ils ont été jusqu’en 1947 : des METAYERS, aux ordres des COOPERATIVES ou de l’AGROCHIMIE ; ainsi Euralis, ailleurs c’est Soléal, filiale de BONDUELLE à Bordères. Pour quel profit cette dépendance ? Celui de quelques actionnaires qui s’engraissent sur notre dos, exploitent les agriculteurs et ruinent la planète.
Cela me rappelle 1789 : les privilèges avaient été abolis lors de la nuit du 4 août (mais pas tous), on avait donné aux paysans la possibilité d’acheter la terre des biens nationaux (mais seuls ceux qui avaient de l’argent ont pu le faire). Et pourtant au 19e, le système du métayage n’a jamais été aussi dur pour les petits paysans car les nouveaux grands propriétaires issus de la bourgeoisie étaient encore pires que les précédents de la noblesse.
Et maintenant, qu’en est-il ? Ces exploitants agricoles de maïs ne sont pas tous propriétaires de leurs terres, loin s’en faut, les terres appartiennent à de grands groupes qui donnent leurs ordres : des rendements, encore des rendements, donc des pesticides, des herbicides, des fongicides, aucune rotation des cultures, car il faut respecter le cahier des charges très strict qui correspond aussi à une règlementation européenne contraignante sur la qualité des produits. Leurs revenus sont donc liés au système. Si ce dernier craque, les exploitants disparaissent... Ils n’ont pas d’autre choix que de suivre les ordres, l’agriculture chimique ou la disparition.
Combien de temps le système va t-il tenir ? Et les citoyens, n’ont-ils pas leur mot à dire ? Vont-ils se laisser empoisonner sans réagir ? Vont-ils assister sans rien dire, sans réagir à l’intoxication de leurs enfants, de leurs petits-enfants comme la grenouille dans son chaudron ? Les citoyens ont une arme très précieuse dont ils n’ont pas assez conscience : l’exercice de leurs droits civiques car n’oublions pas, ce sont les citoyens qui élisent leurs représentants.
Qui disait : les générations futures se débrouilleront ? Mais les responsables ne seront plus là. Quel dommage que la notion de "crime contre l’humanité" (car c’est bien de cela qu’il s’agit) ne puisse pas encore être évoquée à l’encontre de tous ces assassins de la planète. Cela viendra un jour.