Jeremias Vunjanhe de Justiça Ambiental – Amis de la Terre Mozambique a été arrêté à son arrivée à Sao Paulo et renvoyé directement au Mozambique sans explication.
Pour Anabela Lemos des AT Mozambique le fait que les Amis de la Terre Mozambique luttent contre la multinationale minière brésilienne Vale qui est un des sponsors officiel du Sommet de Rio pourrait expliquer cette décision scandaleuse.
Le journaliste, Jeremias Vunjanhe, membre de Justiça Ambiental – Amis de la Terre Mozambique n’a pu rentrer au Brésil. Il devait participer en tant qu’observateur, à la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable dite Rio+20.
Il était aussi prévu que Jeremias Vunjanhe participe au sommet des Peuples pour présenter les impacts négatifs de l’entreprise minière brésilienne Vale, lors de la troisième rencontre internationale des peuples victimes de Vale. Cette compagnie est aussi un des sponsors officiels du sommet des Nations-Unies à Rio. Le militant faisait partie d’une délégation de la Fédération internationale des Amis de la Terre, réseau écologiste présent dans 80 pays au monde.
Lorsqu’il est arrivé mardi à l’aéroport de Guaralhos à São Paulo, Jeremias Vunjanhe a été intercepté par la police fédérale et son passeport a été confisqué. Il fut ensuite amené vers la salle d’embarquement pour être renvoyé directement au Mozambique. Les Amis de la Terre Brésil ainsi que les groupes qui organisent le Sommet des Peuples affirment que le journaliste n’a reçu aucune explication sur les raisons de son renvoi au Mozambique. Son passeport lui fut rendu plusieurs heures après qu’il soit monté dans l’avion qui le ramenait au Mozambique, avec un visa disant qu’il n’était pas autorisé à rentrer au Brésil.
Radio Mundo Real a réussi à avoir une courte interview avec Anabela Lemos de Justiça Ambiental qui était scandalisée par ce qui était arrivé à son collègue. Cet incident était pour elle « un manque de respect » et s’ajoutait aux très nombreuses attaques dont son organisation est la cible. Elle n’excluait pas que l’interdiction de pénétrer le Brésil soit liée au travail de Jeremias Juvanhe pour rendre publiques les actions de Vale et pour soutenir les populations victimes de l’entreprise. Mais Justiça Ambiental n’a jusqu’à maintenant reçu aucune explication sur ce qui s’est passé à São Paulo.
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Justiça Ambiental et Jeremias Vunjanhe ont soutenu des centaines de familles mozambicaines qui ont été déplacées par la compagnie brésilienne Vale dans le district de Moatize. Ces derniers mois, ils ont organisé des manifestations pour faire valoir leurs droits.
Vale possède la concession pour un projet d’extraction de charbon dans le district de Moatize depuis 2007. Cette zone est considérée comme l’une des plus grande réserve de charbon au monde. Le projet a été critiqué par des organisations nationales, car près de 1 300 familles ont été expulsées. Justiça Ambiental a parcouru la zone et confirmé les dire des familles : elles vivent dans des maisons délabrées, elles ont des problèmes d’accès à l’eau, à des terre pour les cultiver et à des moyens de transports pour se faire soigner. La compagnie Vale n’a pas tenu les promesses qu’elle avait faites lorsque les travaux commencèrent.
De nombreux mouvements et organisations sociaux qui vont participer au Sommet des Peuples à Rio ont exprimé leur soutien à Jeremias Vunjanhe et Justiça Ambiental. Les groupes de la société civile menés par les Amis de la Terre Brésil ont déjà contacté l’ambassade du Brésil au Mozambique et le consul du Brésil à Maputo. Ils veulent connaître les vraies raisons de l’expulsion du journaliste du Brésil et demandent des excuses officielles.
Entre temps, Justiça Ambiental a annoncé que le groupe tiendrait une conférence de presse à Maputo. Pour Anabela Lemos « Jeremias est quelqu’un de bien, un militant social et écologiste ».
Les Amis de la Terre Mozambique font aussi beaucoup de travail aussi sur les agrocarburants. Le leader mondial de l’éthanol est le Brésil où l’on parle portugais comme au Mozambique. Il y a eu un accord trilatéral entre le Brésil, l’Union européenne et le Mozambique pour développer massivement ces productions au Mozambique.
Là aussi, nos collègues vont à l’encontre des intérêts de grandes firmes brésiliennes qui veulent s’installer massivement au Mozambique pour faire de la canne à sucre. On retrouve d’ailleurs les barons du sucre français, TEREOS, qui eux aussi, grâce à leurs filiales brésiliennes, comptent bien profiter de cet accord que Jacques Berthelot appelle « le nouveau commerce triangulaire ».
Nos collègues mozambicains ont fait un travail de recherches remarquable sur la culture du jatropha au Mozambique, cette plante miracle censée pousser même dans les zones arides. Ce rapport remet en cause, une par une, toutes les affirmations erronées concernant cette plante miracle : la plus importante remise en cause étant que le jatropha a, en réalité, besoin de beaucoup… d’eau !
Le Mozambique est un des pays les plus pauvres de la planète, mais est la proie de grandes convoitises, non seulement de la part des prédateurs habituels comme l’Union européenne, mais aussi de la part des puissances émergeantes comme le Brésil.